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Qu’ils y restent !

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Luc Decaster a filmé en 2009 la lutte conjointe de travailleurs sans papiers et français qui, pour défendre leurs droits, ont occupé le siège de leur entreprise de nettoyage, en région parisienne.

Ça commence par un trajet en voiture, dans des petites rues bordées de maisons en meulière. Un soleil de juin éclaire un paysage de banlieue, un passant promène un chien. Dans le véhicule, le silence règne. Les passagers sont tendus. Ce sont des travailleurs sans papiers, et ils s’apprêtent à occuper le siège de leur société de nettoyage, Clean Multiservices, à Saint-Prix (Val-d’Oise). L’un d’entre eux a été renvoyé sans préavis ni indemnités, après avoir tenu tête au patron sur les conditions de travail. Soutenu par un membre du syndicat Solidaires, il a retrouvé et mobilisé une douzaine d’employés et d’anciens employés, qui sont venus réclamer leur dû : la réintégration des licenciés, le paiement des heures supplémentaires et des congés payés, l’arrêt des discriminations, des CDI pour ceux qui ont travaillé plus de un an dans l’entreprise… et, au bout, des papiers. A peine arrivés sur place, le message est clair : « On est là, on ne bouge pas. On n’a pas vraiment envie de rester ici, mais si le patron veut qu’on parte, qu’il donne ce qu’on demande. » Très vite, ils sont rejoints par trois salariées françaises, qui viennent de poursuivre leur employeur aux prud’hommes. L’occupation durera trente-neuf jours. Au cœur du conflit, la caméra de Luc Decaster – salué en 2003 pour son documentaire Rêve d’usine, récit de la lente agonie d’une usine de matelas – capte l’espoir, l’attente, les débats sur la stratégie à adopter et l’éclosion d’un collectif soudé. « Tant qu’on n’a pas un accord global, on ne bouge pas », exhorte ainsi l’un des licenciés quand le patron propose d’examiner les situations au cas par cas. Exclu du bureau de la direction, le réalisateur ne montre rien des âpres négociations qui s’y déroulent : comme les grévistes, le spectateur n’entendra que les rapports de leurs représentants. Sans voix off, sans interviews, il n’en saura pas plus sur le parcours de ces sans-papiers. Et pour cause : dès le premier jour, c’est sur le terrain du droit du travail que s’est battu le groupe. Reste le récit d’une lutte pour la dignité, sans manichéisme ni militantisme encombrant.

On est là ! – Luc Decaster – 1 h 50 – Produit et distribué par Zeugma Films – En salles le 16 mai

Culture

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