Dans La première gorgée de bière (Ed. L’Arpenteur, 1997), l’écrivain Philippe Delerm faisait l’éloge des plaisirs minuscules qui sont le sel de la vie. Arlette Durual et Patrick Perrard, responsables de formation en travail social, s’emploient eux aussi à redonner toute sa grandeur - et sa saveur – à l’infiniment petit. En l’occurrence, aux gestes répétitifs les plus ordinaires qui constituent la trame du quotidien : se laver, s’habiller, se nourrir, se déplacer. Néanmoins pour certains, la forme pronominale de ces infinitifs est inappropriée. Il s’agit des personnes rendues très vulnérables par l’âge, la pathologie ou la déficience, qui ont besoin d’autrui pour accomplir les actes que ces verbes désignent. A leurs côtés, des aides médico-psychologiques (AMP), des moniteurs-éducateurs ou des éducateurs spécialisés ont donc pour fonction de les y aider. C’est à ces professionnels que s’adressent les auteurs. Ils les appellent notamment à bien identifier, pour bien les habiter, tous ces temps qui composent le quotidien des personnes accompagnées. Des temps qui n’ont rien d’insignifiant, pour peu qu’on leur restitue leur véritable portée de moments partagés donnant sens à l’existence. Mais encore faut-il que les travailleurs sociaux disposent eux-mêmes de suffisamment de temps pour être disponibles à l’échange et ne pas se transformer « en simples techniciens, voire en machinistes » pressés.
Culture
La grandeur de l’infiniment petit
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Les tisseurs de quotidien. Pour une éthique de l’accompagnement des personnes vulnérables – Arlette Durual et Patrick Perrard – Ed. érès – 12 €