Après plus de trente années de recherche théorique et clinique sur la genèse de la violence des enfants et les modalités de prise en charge pouvant leur être proposées, le pédopsychiatre Maurice Berger verse une nouvelle fois ses connaissances au débat. Comment faire en sorte que les sujets violents commencent à penser au lieu de frapper ? Cette question conduit au « problème majeur et quasi insoluble auquel ces enfants et adolescents nous confrontent », souligne l’auteur : l’absence de sentiment de honte et de culpabilité face aux actes destructeurs qu’ils commettent. Aussi n’y a-t-il aucune raison pour qu’ils ne les répètent pas. Ce qui a manqué à ces enfants, c’est l’expérience d’une relation empathique et stable, lors de leurs deux premières années de vie, avec un adulte capable de s’intéresser à eux et de les comprendre, explique Maurice Berger. Et de pointer les ravages des négligences parentales, dont on sous-estime très largement l’impact sur la constitution des comportements violents. C’est également le cas pour ce qui concerne l’exposition à des scènes de violences conjugales. Les enfants les plus violents accueillis dans le service de pédopsychiatrie que dirige le praticien à Saint-Etienne (Loire) sont ceux qui ont été soumis dès leur plus jeune âge à un tel spectacle, et non pas les enfants qui ont été frappés directement. Peut-être parce que, en butte à des maltraitances visibles, ces derniers sont plus rapidement protégés. Or, en matière de protection de l’enfance, on sait l’importance d’intervenir aussi précocement que possible. C’est pourquoi Maurice Berger ne désarme pas : dût-il continuer à susciter des levées de boucliers, le spécialiste revient longuement sur la loi de 2007 réformant la protection de l’enfance, qui conduit à différer le recours au juge des enfants, c’est-à-dire à laisser certaines situations évoluer « “tranquillement” vers le pire ».
Soigner les enfants violents. Traitement, prévention, enjeux – Maurice Berger – Ed. Dunod – 24,50 €