Pourquoi cet ouvrage ?
Dans la perspective de notre congrès de juin 2013 (2), nous avons souhaité, à travers ce document, réaffirmer les principes fondateurs des centres sociaux. Agréés par les caisses d’allocations familiales (CAF), ces centres sont gérés, pour 80 % d’entre eux, par des associations (3) et ont pour objectif, au-delà des nombreux services qu’ils proposent à la population, de permettre aux citoyens de mettre en œuvre des projets pour améliorer leur quotidien. Mais, depuis quelques années, ils sont soumis à de fortes tensions. D’une part parce que l’argent public se fait plus rare, d’autre part parce que l’approche collective et généraliste de l’action sociale a tendance à être remplacée par une approche individuelle. Les pouvoirs publics préfèrent aider financièrement les individus pour qu’ils s’adressent aux prestataires de leur choix plutôt que subventionner les actions collectives. Nous souhaitons donc réaffirmer l’efficacité de la méthode des centres sociaux, qui passe par l’écoute des difficultés des habitants, la recherche, avec eux, de réponses aux problèmes soulevés et la mise en place d’actions concrètes dont ils sont parties prenantes. Leur but est de développer l’initiative citoyenne.
Comment avez-vous réalisé ce document ?
Début 2011, nous avons proposé aux 1 200 centres sociaux de notre réseau répartis sur tout le territoire d’ouvrir des espaces de parole aux habitants pour connaître les questions qui les préoccupent. Nous avons recueilli et trié plus de 1 000 témoignages à partir desquels nous avons identifié sept thématiques : la discrimination, l’éducation, l’isolement, le logement, la précarité, la citoyenneté et la santé. Ces questions sociales ont été débattues avec des experts et des acteurs de terrain lors de notre université fédérale en octobre 2011 à Sangatte, au cours de laquelle des pistes d’action ont été retenues. C’est le fruit de ces travaux qui est synthétisé dans cet ouvrage. Celui-ci rassemble, pour chaque thématique, le point de vue de chercheurs spécialistes du sujet – sociologue, anthropologue, philosophe, géographe… –, expose les initiatives d’acteurs de notre réseau mais aussi d’autres organisations qui travaillent spécifiquement sur cette question.
Avez-vous été surpris par certains thèmes ?
Nous sommes habitués à réfléchir aux problèmes de précarité, d’isolement, d’éducation ou de citoyenneté. En revanche, le logement – thématique qui a récolté le plus de témoignages d’habitants –, la santé et la discrimination ne sont pas systématiquement abordés par les centres sociaux, dont les services et activités sont culturellement tournés vers la famille, la vie quotidienne, les loisirs ou l’insertion. Le fait que les habitants s’adressent au centre social – qui n’est pas identifié comme un lieu où ces questions sont traitées –, pour évoquer leur colère face aux discriminations, leurs difficultés à se loger ou à accéder aux soins témoigne de l’ampleur de ces problèmes. Les centres sociaux vont devoir s’emparer de ces questions et inventer de nouvelles formes d’actions.
Quel avenir pour cet ouvrage ?
Il a été envoyé à tous nos adhérents ainsi qu’à nos partenaires. Nous souhaitons qu’il donne lieu à des débats locaux et à des actions sur les thématiques identifiées. C’est cette démarche dont les centres sociaux viendront témoigner lors de notre VIIIe congrès de 2013. Cet événement sera l’occasion de réfléchir ensemble à l’avenir du centre social.
(1) « Ecouter, comprendre, agir » – Téléchargeable sur
(2) Du 21 au 23 juin 2013 à Lyon.
(3) Les CAF, la Mutualité sociale agricole, des municipalités ou des centres communaux d’action sociale peuvent aussi gérer des centres sociaux.