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L’USURE DE LA VRAIE « POLISSE ». Le film Polisse de Maïwenn, succès de l’année 2011 et qui narrait le quotidien de la brigade de protection des mineurs (BPM), n’a clairement pas convaincu Stéphanie Labadie, journaliste radio à l’émission Les pieds sur terre, sur France Culture. Elle n’a pas cru aux personnages inspirés par les fonctionnaires de police – trop parfaits, trop « lisses », selon elle. Elle a voulu rencontrer les « vrais », « ces êtres perfectibles, parfois désagréables », qui doivent, jour et nuit, non seulement réprimer les infractions à l’encontre des mineurs, mais aussi assurer une mission de prévention et de protection de l’enfance et de l’adolescence. Sans analyse, sans commentaire, son reportage propose d’entendre pendant une demi-heure quelques-uns des 87 fonctionnaires de police sous les ordres du commissaire divisionnaire Thierry Boulouque, qu’elle a suivis sur leur terrain. Tout commence à 9 heures du matin, à quelques mètres du 36, quai des Orfèvres, où un brigadier reçoit une jeune fille de 14 ans qui a fugué de son foyer d’accueil. Suivent des histoires pas faciles à écouter, comme cette agression sur une fillette de 6 ans dans un gîte rural, ou cette tentative d’attouchement dans le petit bain de la piscine Keller. « C’est tout. C’est calme », souligne un lieutenant. Pour un auditeur lambda, c’est déjà beaucoup. Les policiers regrettent que, trop souvent, les appels reçus n’aient aucun lien avec leurs missions – « Des parents nous téléphonent quand le matin leur enfant ne veut pas aller à l’école ! » Mais la permanence est indispensable. L’après-midi, le micro enregistre le dépôt de plainte d’une jeune mère de famille. Son époux aurait « touché les fesses » de sa fille. Violences physiques, sexuelles. « Ça dépasse l’entendement parfois, ce qu’on entend ici », admet une jeune policière, qui précise : « On ne reste pas plus de sept ans à la BPM, c’est trop fatigant, usant. »