Dépasser l’accablement de la double impuissance, celle des usagers mais aussi des professionnels, et élargir le champ des possibles : tel est le principe de la démarche d’intervention dite du « développement du pouvoir d’agir » des personnes et des groupes (DPA). Détaillée et illustrée par plusieurs travailleurs sociaux réunis autour de Bernard Vallerie, formateur et chercheur, cette approche est une alternative à la dichotomie qui tend à imputer les difficultés des usagers soit à leurs propres défaillances, soit au contexte social. Pour tenter d’améliorer les situations, il s’agit d’agir sur les deux tableaux : travailler sur les capacités des personnes (compétences, confiance en soi, désir d’agir) et sur les opportunités présentées par leur environnement (dispositifs, aides, entourage, etc.). Prenant l’exemple de l’accompagnement d’une bénéficiaire du RSA, Martine Bueno-Cazejust, assistante de service social, montre le changement de posture induite par cette méthodologie d’intervention. Plutôt que de chercher à faire adhérer la personne « à ce que l’on entrevoit comme plan d’action “vivable”, “réalisable”, “possible” de notre point de vue de professionnel », il convient d’amener l’intéressée à cerner et à sérier ses problèmes, puis à repérer les facteurs et acteurs qui peuvent être porteurs d’éléments de solution. A la fois conseil en stratégie et facilitateur, l’intervenant social se met en quelque sorte au service de l’usager pour l’aider à définir, à s’approprier et à atteindre ses objectifs – soit aussi à prendre conscience de sa capacité d’action. Ce faisant, le professionnel voit lui aussi s’ouvrir devant lui des marges de manœuvre insoupçonnées.
Interventions sociales et empowerment (développement du pouvoir d’agir) – Sous la direction de Bernard Vallerie – Ed.L’Harmattan – 19 €