En octobre 2007, Nicolas Sarkozy s’engageait à réduire la pauvreté d’un tiers en cinq ans (1). Si les chiffres de 2012 ne seront connus qu’en 2014 en raison du décalage des statistiques, le nombre de personnes pauvres n’a cessé d’augmenter depuis 2004 et atteignait, en 2009, près de 8,2 millions (contre 7 millions en 2005), soit 13,5 % de la population (2). A la veille de l’élection présidentielle, le collectif Alerte – qui fédère 37 fédérations et associations nationales de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sous l’égide de l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux) – veut donner « un nouveau souffle » à la lutte contre la pauvreté et demande aux candidats de faire de cette question un axe central de leur politique.
Il invite ainsi le futur gouvernement à se donner comme objectif la réduction du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (revenus inférieurs à 954 €) d’un tiers en cinq ans, soit une baisse de 2,7 millions. Et propose, dans cette perspective, l’élaboration d’un programme interministériel pluriannuel de lutte contre la pauvreté et l’exclusion – dont les crédits devront être sanctuarisés – qui concernerait l’ensemble des déterminants de la pauvreté : l’éducation, la formation, l’emploi, le logement, la santé, l’accueil digne des migrants (3). Une préconisation qui rejoint le plan interministériel pour cinq ans réclamé par le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE). Les deux organisations, bien décidées à ancrer la lutte contre la pauvreté dans la durée, veulent d’ailleurs réactiver des outils de pilotage aujourd’hui en sommeil. Le collectif Alerte réclame ainsi la réunion, chaque année, d’une conférence nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, réunissant l’ensemble des acteurs concernés, tandis que le CNLE demande la tenue régulière d’un comité interministériel de lutte contre l’exclusion (4), deux instances qui n’ont été réunies que deux fois en 2004 et en 2006.
Au-delà de cette stratégie d’ensemble, le collectif Alerte formule une dizaine de propositions, dont l’élaboration d’un plan quinquennal de lutte contre l’habitat indigne et de « création massive » de logements sociaux, l’encadrement de la hausse des loyers et la mise en place d’un quota minimum de 20 % de logements à loyers accessibles dans les programmes immobiliers. Il invite également à éviter l’effet couperet de la fin des prestations en instaurant un moratoire sur la perte de droits pour les personnes en fin de droits ou qui ont un accident de la vie afin de leur laisser du temps pour trouver une solution. On retiendra également la création d’un droit à l’accompagnement pour toute personne qui en a besoin.
(1) Voir ASH n° 2527 du 19-10-07, p. 9.
(2) Voir le dernier rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale dans les ASH n° 2753 du 30-03-12, p. 5.
(3) Voir à ce propos l’interview du président de l’Uniopss dans les ASH n° 2746 du 10-02-12, p. 22.
(4) Voir ASH n° 2752 du 23-03-12, p. 5.