Alors que les banlieues sont absentes du débat électoral, l’Association des maires des grandes villes de France (AMGVF), l’Association des communautés urbaines de France (ACUF) et l’association des maires Villes et banlieues de France adressent un « Manifeste pour une nouvelle politique de la ville » aux candidats à la présidentielle. Rappelant que près d’un tiers des habitants des zones urbaines sensibles (ZUS) vit sous le seuil de pauvreté, elles veulent alerter sur la fracture sociale dont sont victimes ces territoires. La politique de la ville, censée combattre les inégalités sociales et lutter contre les exclusions, est « aujourd’hui en panne », « marginalisée » et « insuffisamment dotée ». Pour la relancer, elles demandent « le vote d’une loi quinquennale de programmation dès 2013 pour une nouvelle politique de la ville » qui articulerait les enjeux liés à l’éducation, la santé, la sécurité, les transports, le logement et la culture.
En matière d’éducation, les jeunes des quartiers « souffrent d’un déficit de formation et peinent à s’insérer sur le marché du travail », rappelle le manifeste. Parmi leurs propositions, les associations souhaitent que les contrats de réussite éducative soient confortés et les écoles de la deuxième chance généralisées sur le territoire national. Elles demandent aussi que les crédits de l’éducation prioritaire soient destinés aux enfants les plus en difficulté. Alors que le chômage atteint 43 % des jeunes actifs dans les zones urbaines sensibles, elles proposent d’accompagner l’embauche des habitants hors de leur quartier en créant « des emplois francs » (à l’image des zones franches): les exonérations sociales et fiscales seraient accordées en fonction non pas de l’adresse de l’entreprise, mais de celle du demandeur. En matière de renouvellement urbain, les associations invitent le futur président à « désenclaver les quartiers par les transport en commun » et à « développer une politique de logement ambitieuse et solidaire, qui fasse appliquer, de manière ferme et avec des pénalités renforcées, la loi SRU ».
Les trois associations appellent en outre « à une gouvernance ambitieuse et rénovée de la politique de la ville ». Au plan national, elles souhaitent la création d’un ministère de la ville rattaché directement au Premier ministre. Au plan local, elles proposent de consacrer le couple commune-agglomération comme chef de file de la politique de la ville. Enfin, le manifeste propose de conjuguer les moyens de l’Etat avec ceux des collectivités et d’inscrire dans la loi de finances un objectif annuel quantifié de réduction des inégalités entre les collectivités. Autre demande : que l’ensemble des crédits d’Etat de droit commun soit versé en priorité aux territoires les plus en difficulté.
Leurs préoccupations rejoignent celles de l’IRDSU (Inter-réseaux des professionnels du développement social urbain), qui attend du futur gouvernement des « mesures fortes » en faveur de « la relance de la politique de la ville et des quartiers populaires ». Il souhaite que l’ensemble des acteurs concernés (Etat, élus, représentants associatifs, professionnels, acteurs économiques, chercheurs) soient associés à l’élaboration de ces mesures notamment à travers des assises nationales régulières. Parmi ses demandes, figurent la préservation des services publics dans les quartiers et la relance des politiques d’emploi, d’éducation et de santé.