Alors que les acteurs de l’économie sociale et solidaire tentent de faire entendre leur voix pendant la campagne présidentielle, le réseau mondial Ashoka publie une étude qui chiffre l’impact économique de l’entrepreneuriat social (1). Réalisée par le cabinet d’audit McKinsey, elle calcule la rentabilité de l’argent investi auprès de dix structures (2) agissant dans les champs de l’insertion et de la lutte contre l’exclusion, en évaluant les coûts évités pour la collectivité. D’une manière globale, « le retour sur investissement de l’argent public est positif »: l’activité des entrepreneurs sociaux engendre des économies de coûts de prise en charge et des revenus pour la collectivité, dont le cumul est toujours supérieur aux subventions allouées : « Pour les dix cas étudiés, le bénéfice cumulé est supérieur à 50 millions d’euros en 2010. » A ces effets directs s’ajoutent un fort potentiel économique, notamment dû au réservoir d’emplois durables représenté, et des bénéfices sociaux directs ou indirects : dépendance plus tardive, meilleure santé des moins favorisés, apaisement social…
Parmi les associations étudiées figure Acta Vista, opérateur de chantiers d’insertion dans le secteur de la restauration de monuments et bâtiments classés au patrimoine dans les Bouches-du-Rhône (environ 300 contrats en 2010 et 34 salariés permanents). Selon le cabinet MacKinsey, la différence entre les bénéfices (perception de charges patronales et taxes, allocations de chômage évitées) et les subventions versées permet d’économiser en moyenne 8 000 € par salarié, ce qui représente un « retour sur investissement » moyen de 60 %. La généralisation de l’expérience d’Acta Vista à toute la France permettrait de créer plus de 5 000 contrats d’insertion par an, ce qui représenterait 45 millions d’euros d’économies.
Autre exemple : celui de la Fédération Crésus, dont les associations mènent des actions de prévention du surendettement par l’accompagnement précoce des ménages. En 2011, le réseau a permis à 7 500 personnes d’éviter le surendettement. Outre les conséquences positives pour les personnes, « 15 millions d’euros sont économisés par la collectivité et 121 millions d’euros par les organismes de crédit ». A l’échelle nationale, « plus de 200000 procédures de surendettement pourraient être évitées et plus de 200 millions d’euros pourraient être économisés par la société ».
Autant de constats qui apportent de l’eau au moulin du Mouvement des entrepreneurs sociaux (3), qui propose au prochain gouvernement de signer un « Pacte pour entreprendre autrement ». Celui-ci implique plusieurs engagements d’ici à 2017, dont le financement de l’innovation sociale, au même titre que l’innovation technologique, l’insertion de clauses sociales dans 25 % des marchés publics, la création d’un label « entreprise sociale » qui ouvrirait droit à des incitations fiscales modulées en fonction de l’impact social de l’activité et l’élaboration d’un plan quinquennal de développement de l’entrepreunariat social, « avec des objectifs chiffrés, notamment sur la création d’emplois et sur les économies générées pour la dépense publique ».
(1) Disponible sur
(2) Acta Vista, Réseau des boutiques de gestion, Fédération Crésus, Groupe Siel Bleu, Association nationale de développement des épiceries solidaires, Chênelet (chantier d’insertion en éco-construction), Réseau Cocagne, Mozaïk RH, Union nationale des PIMMS, Groupe SOS (intermédiation locative et lits halte soins santé).
(3) Présidé par Jean-Marc Borello, président du directoire du Groupe SOS. Ses trois vice-présidents sont Jean-Guy Henckel, directeur du Réseau Cocagne, Hugues Sibille, président de l’AVISE (Agence de valorisation des initiatives socio-économiques) et de l’Institut de développement de l’économie sociale, et Rémi Roux, cofondateur et gérant de la SCOP Ethiquable –