Pour la première fois, après une étude de l’INSEE en 2004, une enquête de l’Observatoire des vacances et des loisirs des enfants et des jeunes (OVLEJ)-Etudes et recherches de la Jeunesse au plein air (1) rend compte de l’accès au départ en vacances des 5-19 ans et du renforcement des inégalités en la matière.
Réalisée en 2011, elle montre en effet que les difficultés d’accès aux vacances constituent toujours une injustice sociale. Si, en sept ans, le taux de départ de cette tranche d’âge est resté stable (75 % partent au moins une fois dans l’année), un quart, soit près de trois millions de jeunes, restent exclus de ce « bien-être social ». Et ils sont deux millions (15 %) à n’avoir « aucune mobilité de loisir », c’est-à-dire à ne jamais quitter leur domicile, y compris le temps d’une nuit.
Les chiffres sont le reflet des inégalités économiques : en 2004, 59 % des familles ayant un revenu mensuel inférieur à 1 500 € avaient pu partir pour quatre nuits au moins. En 2011, elles n’étaient plus que 50 %, contre 94 % pour les familles touchant plus de 4 000 €. Et pour ceux qui partent, le nombre de jours passés en dehors du domicile continue à diminuer. Cette « érosion » de la durée du séjour a par ailleurs tendance à s’étendre aux classes moyennes et supérieures.
Fortement majoritaires, les vacances avec les parents deviennent le seul type de séjour pour une proportion croissante d’enfants et de jeunes : 61 % des partants en 2011, contre 53 % en 2004. Les contraintes financières réduisant le nombre de départs dans l’année, elles deviennent le seul mode de vacances pour 60 % des 14-16 ans et pour près de la moitié des plus de 17 ans. De fait, l’accès à une diversité d’expériences est désormais réservé aux plus favorisés (au-dessus de 3 000 € mensuels). Parmi les vacances sans les parents figurent, en premier lieu, les séjours avec ou chez les grands-parents, puis les séjours collectifs (7,5 % des 5-19 ans en 2011). Mais l’accès aux colonies de vacances est encore plus marqué par de fortes inégalités liées au revenu des familles. Indispensables (88 % des familles ayant fait partir leur enfant en séjour collectif n’auraient pas pu le faire sans soutien financier), les aides au départ se révèlent insuffisantes et inégalement réparties : alors que les aides des caisses d’allocations familiales ou de la Mutualité sociale agricole (19 % des usagers des séjours collectifs concernés en 2011) ciblent les familles les plus défavorisées, les classes moyennes qui n’ont pas accès à un comité d’entreprise ou n’obtiennent pas de financement par leur commune ont de plus en plus de difficultés à faire partir leurs enfants dans ce cadre.
Le départ en vacances constitue pourtant un enjeu à la fois social et éducatif, dans un contexte de crise qui fragilise les plus modestes, conclut l’observatoire. Ne doit-il pas alors relever d’une responsabilité collective et, dans ce cas, être « plus largement pris en compte par les politiques publiques » ?
(1) L’observatoire regroupe la Jeunesse au plein air (JPA) et l’Union nationale des associations de tourisme et de plein air (UNAT), membres fondateurs.