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Un métier à double visage

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La formation et le diplôme d’Etat de technicien de l’intervention sociale et familiale ont connu deux réformes dans la période récente (en 1999 et 2006). La profession manque néanmoins toujours d’attractivité.

Selon les données disponibles en 2008, 7 000 à 7 500 personnes employées à 80 % dans les services à domicile exerçaient le métier de technicien de l’intervention sociale et familiale (TISF). Pour cerner la réalité de celui-ci et les représentations qui l’entourent, la direction générale de la cohésion sociale a fait procéder à une recherche sur les « missions, compétences, modes d’intervention et image » (1). Celle-ci a été réalisée par le cabinet GESTE (Groupe d’études sociales techniques et économiques), qui s’est appuyé sur une enquête en ligne auprès de centres de formation et d’étudiants et sur des entretiens avec une pluralité d’acteurs dans quatre départements (2). Rappelant l’étendue des domaines d’intervention « préventive, éducative et réparatrice » des TISF qui, selon le référentiel professionnel du 25 avril 2006, « accompagnent et soutiennent les familles, les personnes en difficulté de vie ou en difficulté sociale, les personnes âgées, malades ou handicapées », l’étude met en évidence deux principaux modes d’exercice de la profession liés aux deux financeurs essentiels des heures de TISF : les caisses d’allocations familiales (CAF) et les conseils généraux, qui ont respectivement pris en charge 41 % et 56 % des quelque 6 millions d’heures effectuées en 2009 (3).

Dans le champ de l’aide à domicile aux familles prise en charge par les CAF, les TISF interviennent exclusivement en cas d’indisponibilité ponctuelle des parents. Les conseils généraux, de leur côté, peuvent financer des missions de TISF dans le cadre de leurs compétences de protection maternelle et infantile (PMI) et d’aide sociale à l’enfance (ASE), pour des difficultés éducatives, d’insertion ou de prévention (au sens de la protection de l’enfance) considérées comme plus importantes que celles auxquelles sont liées les interventions CAF – même si, parfois, les accompagnements ne sont pas plus longs.

Selon qu’il est exercé dans le cadre des missions CAF ou de celles du conseil gé­néral, le métier est différemment perçu par les TISF. Dans le premier cas, les interventions, souvent vues comme « proches de l’aide ménagère ou de la baby-sitter », sont jugées peu intéressantes et se trouvent dévalorisées, bien que cela puisse « sembler parfois très réducteur au regard de la réalité des actions réalisées », souligne le cabinet GESTE. Les TISF fraîchement diplômées souhaitent d’ailleurs « faire de l’ASE ». C’est là que s’exprimerait la re­connaissance du statut de travailleur social – « même si, selon les dires d’employeurs, certains travailleurs sociaux voient encore les TISF comme “les ex-travailleuses familiales” ou comme des “super AVS” [auxiliaires de vie sociale] ».

Il est vrai que le positionnement professionnel des TISF, quel que soit leur champ d’activité, est rendu confus par le caractère de « prestation de service » de leurs interventions. De fait, souligne un employeur, les TISF sont les seuls travailleurs sociaux pour lesquels « la famille certifie le nombre d’heures effectuées et doit participer financièrement ». Ce qui crée, chez cette dernière, un comportement de client et explique que ces professionnelles puissent avoir du mal à trouver ou à se faire leur place.

Néanmoins, l’ensemble des acteurs rencontrés – financeurs, employeurs responsables de formation – estiment aujourd’hui que la contribution des TISF comme travailleurs sociaux à part entière n’est plus à démontrer. Avec une double spécificité, qui fait le grand intérêt du métier : être au domicile des familles dans la durée et réaliser avec celles-ci des activités éducatives à partir du quotidien. La profession, cependant, manque d’attractivité et les centres de formation peinent à remplir leurs promotions. Il y a eu seulement 481 diplômes de TISF attribués en 2009 (hors VAE) et en 2010, « près d’un quart des candidats acceptés lors de la sélection n’ont finalement pas intégré la formation TISF », constate l’étude. Mais il est vrai que la diminution constante du nombre d’heures de TISF, notamment celles qui sont financées par les CAF – elles ont chuté de 42 % entre 2001 et 2009 –, n’augure pas de perspectives favorables pour l’emploi. Tout comme l’écart entre le coût de l’heure de TISF et celui de l’heure d’AVS, qui lui est inférieur d’environ 40 %.

Notes

(1) Le rapport de synthèse de cette étude est accessible sur le site de l’Unaforis : www.unaforis.eu, rubrique « Actualités – Vie de l’Unaforis ».

(2) Indre-et-Loire, Morbihan, Rhône et Seine-Saint-Denis.

(3) L’activité des TISF est également financée par une participation des familles.

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