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Le réalisateur Fernand Melgar est parti à Frambois, près de Genève, filmer le quotidien brut d’un centre de rétention administrative « modèle ». Là, malgré l’attente des expulsions, les personnes sans papiers et les gardiens nouent parfois des relations amicales.

Les avions survolent le centre de rétention administrative de Frambois, en Suisse. A longueur de journée, le son des réacteurs renforce l’angoisse des détenus, qui savent qu’ils embarqueront, tôt ou tard, de force ou pas, pour un « vol spécial ». Fernand Melgar – déjà réalisateur de La forteresse (2008), un documentaire qui décrivait les conditions d’accueil des demandeurs d’asile en Suisse – s’est immergé pendant neuf mois dans l’un des 28 centres d’expulsion pour sans-papiers du pays. Ce centre « modèle », ouvert en 2004, comprend des chambres individuelles, des salles de jeux et de sport, et propose une nourriture abondante cuisinée par les futurs expulsés. Mais la propreté des lieux ne masque pas les barbelés, les chambres fermées à clé, les visites familiales chronométrées. Sans volonté d’apitoyer ou de diaboliser, Fernand Melgar filme la réalité brute, la sympathie qui se crée entre les surveillants et les 25 « pensionnaires », mais aussi le malaise qui s’installe à chaque fois que l’un d’eux doit partir. Le choc est d’autant plus grand qu’afin d’éviter des résistances les détenus sont avertis au dernier moment de leur départ. S’ils sont enfermés, c’est purement pour des raisons administratives, et non parce qu’ils ont commis un délit. Ils ne veulent pas retourner dans leur pays d’origine soit parce qu’ils y sont en danger, soit parce qu’ils l’ont quitté depuis tant d’années que personne ne les y attend.

Avant le tournage, le réalisateur a passé beaucoup de temps à Frambois. Révoltés et se sentant oubliés du monde extérieur, presque tous les détenus ont été d’accord pour participer au documentaire et être ­filmés à visage découvert. Cela donne toute son intensité à Vol spécial, car on s’attache aux histoires complexes et douloureuses d’Alain, de Pitchou, de Wandia, de Serge, de Ragip… « Ils savaient très bien que ça n’allait pas changer leur situation personnelle, mais c’était un moyen pour eux de se faire entendre et de témoigner d’une situation qui leur semblait injuste », explique Fernand Melgar, qui livre ces images sans y ajouter le moindre commentaire. Le réalisateur a décidé de suivre les expulsés dans leur pays d’origine et de filmer leur vie après leur retour. Ces portraits ont fait l’objet d’un webdocumentaire disponible sur le site suisse du film (www.volspecial.ch).

Vol spécial – Fernand Melgar – 1 h 41 – En salles – Liste des projections à Paris et en province sur www.volspecial.fr

Culture

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