QUAND PAPA TAPE MAMAN. Les enfants témoins d’actes de violence entre leurs parents – neuf fois sur dix perpétrés par le père sur la mère – ont longtemps été les victimes oubliées de cette maltraitance (1). Elle a pourtant des effets délétères sur eux. Cela ne veut pas dire qu’on puisse définir un « syndrome de l’enfant témoin de violences conjugales », expliquent Alain Rouby, psychologue clinicien, formateur auprès de travailleurs sociaux, et Dominique Batisse, infirmière puéricultrice, directrice d’un centre d’hébergement et de réinsertion sociale pour mères et enfants. Selon leur âge et leur maturité, les enfants n’ont en effet pas les mêmes capacités à faire face à cette réalité. Le propos des auteurs est justement de détailler ce qu’il en est pour les intéressés au fil des différentes étapes de leur développement : comment ils manifestent leur mal-être et comment leur venir en aide. A cet égard, il est essentiel que des paroles soient dites sur les épreuves traversées. Faute d’un tel travail de mise en mots, les enfants croient toujours qu’ils sont au centre des difficultés familiales : « Si ça va mal, c’est à cause de moi, c’est de ma faute si papa tape maman. » Précisément, s’agissant de leurs pères, les enfants ont besoin qu’on leur en parle, en particulier les garçons, mais qu’on ne parle pas uniquement d’eux sous l’aspect dramatique de leur violence, soulignent les praticiens. Dans la crèche du CHRS dirigé par Dominique Batisse, ces pères violents peuvent d’ailleurs venir en visite. « En retrouvant quelques instants leurs enfants, ils mesurent d’autant plus ce qu’ils ont détruit et perdu », commente-t-elle. Ce qui pourra en conduire certains à travailler sur eux-mêmes et peut-être, avec les années, « à se requalifier en tant que père ».
Violences conjugales et maltraitances familiales. Soigner les enfants et aider les parents – Alain Rouby et Dominique Batisse – Ed. Dunod – 22 €