Les Cap emploi veulent faire entendre leur voix dans la campagne présidentielle. Depuis le 23 novembre dernier, les 107 opérateurs de placement des personnes handicapées en milieu ordinaire financés par l’Agefiph (Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) sont rassemblés au sein de la Confédération nationale handicap et emploi des organismes de placement spécialisés (Cheops)(1). Celle-ci regroupe les deux têtes de réseau, l’Union nationale pour l’insertion des travailleurs handicapés (UNITH) et le réseau national Ohé/Prométhée, qui rassemblent 90 % des Cap emploi.
L’approche des élections présidentielle et législatives est l’occasion, pour cette nouvelle confédération, de publier un livre blanc en faveur d’« une politique rénovée pour l’emploi des personnes handicapées » dans lequel elle formule 22 propositions. Rappelant que le chômage touche deux fois plus les personnes handicapées que les personnes valides, la confédération souhaite faire valoir son expertise en matière de placement et d’accompagnement de ce public dans l’emploi. Sa principale demande vise à faire des Cap emploi le guichet unique local pour l’ensemble des travailleurs handicapés au chômage. Actuellement, ceux-ci réalisent les deux tiers des placements (58 523 sur les 86 255 personnes placées en 2008) mais ne suivent qu’un tiers du public reconnu handicapé inscrit à Pôle emploi. « Cet organisme place environ 17 % des travailleurs handicapés mais certaines personnes peuvent être orientées vers d’autres acteurs comme les agences d’interim ou des cabinets de conseil », explique Camille Monin, vice-président de Cheops. Il relève qu’aujourd’hui, la multiplicité des dispositifs fait souvent perdre du temps aux personnes handicapées sans emploi.
Par ailleurs, Cheops souhaite faire des Cap emploi des interlocuteurs incontournables de la politique en faveur de l’emploi des travailleurs handicapés en milieu ordinaire aux plans local et national. « L’évolution actuelle des politiques liées au handicap tend à faire passer les organismes de placement d’une position de partenaire à celle de prestataire », déplore Jean-Pierre Bénazat, son président. Ainsi la confédération demande la reconnaissance des organismes de placement spécialisés comme « membres du service public de l’emploi régional » et souhaite que le décret d’application, prévu dans la loi « handicap » de 2005, fixant les statuts, la mission et les modalités de la pérennisation des organismes de placement spécialisés, soit enfin publié. Elle souhaite aussi être reconnue par la loi comme l’instance représentative des Cap emploi.
Au-delà des questions liées à la gouvernance du dispositif, Cheops formule une série de propositions en vue d’améliorer la situation des travailleurs handicapés en milieu ordinaire. Insistant sur la nécessité d’améliorer l’accès à la formation, elle demande que les travailleurs handicapés puissent bénéficier du statut de stagiaire de la formation professionnelle et donc avoir accès à des stages rémunérés en entreprise ou dans la fonction publique.
Autre proposition : soutenir la politique de contrats d’alternance pour les travailleurs handicapés et développer une politique de validation des acquis de l’expérience. Elle suggère aussi d’être associée à l’évolution de l’offre de formation des centres de rééducation professionnelle (2). Enfin, revendiquant sa présence sur tout le territoire, elle veut devenir un observatoire des métiers et des formations liés au reclassement professionnel des personnes handicapées.
(1)
(2) Voir ASH n° 2698 du 25-02-11, p. 28.