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Les acteurs de l’urgence battent le pavé pour l’hébergement

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A la fin de la période hivernale, les salariés du secteur de l’urgence sociale et les associations renforcent leur mobilisation pour le respect de l’inconditionnalité de l’accueil, de la continuité de la prise en charge et l’accès au logement. Une enquête de Médecins du monde met de nouveau en lumière le constat des carences du dispositif d’hébergement.

Professionnels et militants sont bien décidés à ne pas laisser les carences du dispositif d’hébergement survivre à 2012. Pour protester contre la fermeture des places d’urgence ouvertes pour la seule période hivernale, qui prend fin le 31 mars, et réclamer le respect de l’inconditionnalité et de la continuité de l’accueil, quelques centaines de personnes ont, à l’appel de la Coordination nationale des professionnels de l’urgence sociale (Cnapus), de SUD Santé sociaux, de la CFDT Santé-sociaux et du collectif « 115juridique.org », manifesté le 27 mars, à Paris. Le trajet était symbolique : entre le Conseil d’Etat – qui a rendu le 10 février une décision plaçant le droit à l’hébergement au rang des « libertés fondamentales » (1) – et le ministère du Logement, qui refuse d’augmenter le nombre de places au nom de la logique du « logement d’abord ». En régions, la protestation s’est traduite par des mouvements de grève. Mais le ministère « n’a même pas souhaité recevoir les représentants des professionnels des 27 départements mobilisés pour entendre leurs revendications. C’est bien là la plus grande preuve de dédain de la part du gouvernement, dans le déni des réalités humaines », déplore la Cnapus, résolue à aider les personnes à faire valoir leurs droits devant les tribunaux.

Après avoir lancé début mars une opération visant à accompagner les personnes hébergées au sein du dispositif hivernal vers un recours « DALO » (au titre de l’hébergement ou du logement), le « Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement », investissait, à son tour, le 29 mars, la place du Palais Royal, devant le Conseil d’Etat. L’idée était à la fois de « montrer que la mandature n’a rien fait évoluer dans l’organisation de la réponse et de la prévention et d’inviter les candidats à se prononcer », explique Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé-Pierre. Le collectif leur a adressé un questionnaire les invitant à détailler leurs propositions et les modalités de leur mise en œuvre en matière de prévention, d’hébergement, d’accompagnement et de logement. Des interviews vidéos de cinq candidats sont également prévues sur le thème de l’hébergement et de la gestion saisonnière du dispositif.

S’il en était encore besoin, les constats de terrain se multiplient sur le manque de places. Après les baromètres hivernaux successifs de la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) (2), une enquête de Médecins du monde révèle que les personnes en situation de grande vulnérabilité ne sont pas épargnées par la pénurie. Elle a été menée en janvier et février 2012 dans sept villes (3), auprès de personnes sans abri signalées au 115 par les équipes de l’association. Il en ressort que, sur 213 personnes pour lesquelles un appel a été effectué, 58 % n’ont pas été hébergées. L’enquête distingue ces dernières selon plusieurs profils : « 74 % des familles (soit 17 familles), 58 % des enfants (soit 38 mineurs), 100 % des femmes enceintes (soit 7 femmes enceintes) et 43 % des personnes malades (soit 38 malades) » sont restés à la rue.

Comme l’a démontré la FNARS, l’absence de places disponibles demeure le motif principal du non-hébergement : il représente 23 % des cas. Mais l’enquête de Médecins du monde montre aussi que, dans 17 % des situations, le 115 refuse des personnes pour d’autres raisons, par exemple quand « la personne a épuisé son quota de nuits » (29 %), « est connue pour des problèmes de comportement » (9 %), « a un chien » (3 %), « est en situation irrégulière » (9 %)… Signe que l’inconditionnalité de l’accueil est loin d’être appliquée. Par ailleurs, le refus des personnes explique 18 % des absences d’hébergement. Les raisons invoquées (lieux non adaptés pour les familles, manque d’intimité, d’hygiène, peur d’y aller seul…) illustrent encore l’inadaptation des solutions proposées.

« Donner au secteur de l’hébergement les moyens d’accueillir et d’accompagner dignement les publics défavorisés » fait partie des engagements demandés aux candidats par la Fondation Abbé-Pierre, dans son « Contrat social pour une nouvelle politique du logement » signé par six d’entre eux (4). A trois semaines de l’élection présidentielle, la fondation a souhaité remettre le thème du logement au cœur de la campagne, en adressant, le 30 mars, « une lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle et à leurs électeurs », cosignée par ses « parrains et marraines » – une vingtaine de personnalités médiatiques. « Notre pays ne peut se satisfaire de mesures timides. Notre pays ne peut se satisfaire de débats sans hauteur. Notre pays a besoin d’une action énergique et puissante parce que l’urgence l’exige », interpelle le texte.

Notes

(1) Voir ASH n° 2747 du 17-02-12, p. 9.

(2) Voir ASH n° 2751 du 16-03-12, p. 23.

(3) Lyon, Grenoble, Marseille, Toulouse, Montpellier, Strasbourg et Saint-Denis.

(4) François Bayrou, Jacques Cheminade, François Hollande, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou – Voir ASH n° 2745 du 3-02-12, p. 19.

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