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Les candidats à l’Elysée interpellés sur les conditions d’exercice du travail social

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Le Snuclias-FSU, syndicat des personnels des collectivités territoriales, vient d’adresser une lettre et un document d’analyse à huit candidats à la présidentielle, pour réclamer plus de moyens et de reconnaissance pour le travail social.

Les candidats à l’élection présidentielle (1) doivent déjà avoir reçu le courrier qui leur a été adressé le 20 mars par le Snuclias (Syndicat national unitaire collectivités locales, Intérieur, Affaires sociales)-FSU (2). Objectif : les interpeller sur « le bilan des politiques sociales actuelles et leurs conséquences sur les populations et le travail social ». La missive fait notamment état de l’aggravation des exclusions observée depuis une dizaine d’années par les travailleurs sociaux, des effets du désengagement ­budgétaire de l’Etat et « des exigences gestionnaires de plus en plus fortes » sur les pratiques.

« Montée d’un ras-le-bol »

Rendu public à un mois du scrutin présidentiel, ce cri d’alarme catalyse le sentiment d’impuissance ressenti de longue date par les professionnels. « Nous constatons dans tous les départements l’accélération de la montée d’un ras-le-bol des personnels des services sociaux », explique Hervé Heurtebize, secrétaire national du Snuclias, pour qui le travail social ne peut plus trouver de légitimité « quand le pacte républicain est bafoué ». Son sens même est remis en cause quand il « ne consiste plus à accompagner vers l’autonomie, par des propositions individualisées, mais à fournir des réponses formatées, standardisées, budgétairement et administrativement acceptables ».

Le syndicat, qui demande audience aux candidats, accompagne son courrier d’une brochure, « Le travail social entre les pauvres et les marchés », qui développe ses constats et ses revendications. Le document détaille, moult chiffres officiels à l’appui, l’ampleur des crises de l’emploi, du logement, de la précarisation des salariés, le creusement des inégalités et l’échec des politiques publiques à enrayer ces phénomènes… Il décrypte aussi les mutations d’un travail social « au cœur des contradictions » face à la commande publique, s’adaptant tant bien que mal à la réduction de son autonomie d’action.

Face à ces constats, le Snuclias défend des propositions à la fois catégorielles et politiques, les salariés du secteur social ne pouvant « défendre leurs propres intérêts sans défendre en même temps ceux des personnes vulnérables pour lesquelles ils travaillent », souligne Hervé Heurtebize. Le syndicat revendique donc auprès des candidats « de véritables droits so­ciaux pour tous » en matière de logement, de santé, d’emploi (avec la mise en place d’une « sécurité sociale professionnelle ») ou de minima sociaux (avec l’alignement du RSA sur le seuil de pauvreté).

Reconnaître les diplômes

Pour le travail social, il réclame une reconnaissance et une « autonomie protégée », dans le cadre d’un service public « disposant de moyens en personnels suffisants et qualifiés » et assurant le respect du droit des usagers. En termes de moyens, il préconise également « de réelles péréquations de ressources assurées par l’Etat en faveur des collectivités pour compenser les inégalités territoriales et permettre de financer toutes les compétences transférées en matière sociale ». Il demande par ailleurs « la fin de la casse des conventions collectives du secteur sanitaire, médico-social et social », l’homologation au niveau II des diplômes obtenus après trois années d’études et, dans la fonction publique, « l’intégration des travailleurs sociaux en catégorie A type et la création d’une filière complète jusqu’en A+ pour l’ensemble des agents du social et de l’éducatif ».

Cette revendication de faire sortir les travailleurs sociaux de la catégorie B pour les faire accéder pleinement à la catégorie A est portée en intersyndicale dans le cadre de la réforme statutaire des agents, bloquée depuis un an pour la filière socio-éducative. Selon Didier Bourgoin, secrétaire général du Snuclias, les derniers ­projets de décrets ne répondent toujours pas à cette attente. « On arrive à une cote mal taillée qui commence en haut du B pour terminer en bas du A, précise-t-il. Il y a quelques points d’indice supplémentaires, mais avec un allongement de carrière en contrepartie. » Inacceptable selon lui, alors qu’« en 1985, une assistante sociale commençait à 2,25 SMIC, contre 1,18 aujourd’hui ! ».

LE CHANTIER DE LA RÉFORME STATUTAIRE DE LA FILIÈRE SOCIO-ÉDUCATIVE RELANCÉ ?

Le Conseil supérieur de la fonction publique d’Etat devrait examiner le 3 avril les projets de décrets portant sur les statuts des assistants de service social et conseillers techniques de service social des administrations de l’Etat. Compte tenu de « l’absence manifeste de dialogue social » sur le sujet, sept fédérations syndicales demandent, dans un courrier adressé le 15 mars à François Sauvadet, ministre de la Fonction publique, que ce point soit retiré de l’ordre du jour. Elles réitèrent, en outre, leur « exigence d’ouverture d’un véritable cadre de discussion sur la revendication d’intégration de ces personnels en catégorie A type ».

Notes

(1) A l’exception de Marine Le Pen et de Jacques Cheminade.

(2) Créé en 2003 par des organisations ayant rompu avec la CFDT, il regroupe des syndicats départementaux et se positionne comme le cinquième syndicat de la FSU avec 6 000 adhérents.

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