Les 4,3 millions de Français qui aident régulièrement au moins un de leurs proches âgé de 60 ans ou plus à domicile en raison d’un problème de santé ou d’un handicap ressentent, généralement, une « fatigue morale et physique », indique une enquête de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) (1) qui vise à ouvrir des pistes d’actions de soutien et/ou de prévention. Une majorité des aidants – âgés en moyenne de 59 ans et, dans 53 % des cas, des femmes – apportent une aide à la vie quotidienne. La moitié d’entre eux sont les enfants de la personne âgée et un tiers leur conjoint. Ceux dont la charge est importante sont parfois « au bord de l’épuisement » car l’aide apportée est source de stress. Elle peut même entraîner des problèmes de dos, des troubles du sommeil voire des symptômes dépressifs. D’autant que la santé de la personne aidée, devenue leur préoccupation principale, ne leur permet pas de s’occuper d’eux-mêmes.
Ces aidants souffrent aussi de solitude. Ils se sentent notamment seuls face à d’importantes responsabilités. Un sentiment qui pourrait être atténué par une insertion plus fréquente dans un réseau de soutien, note l’étude.
Seuls 2 % des aidants déclarent être devenus inactifs pour se consacrer à leur proche. La vie professionnelle – même si elle est difficile à concilier avec la vie d’aidant et la vie familiale – représente à la fois une source de revenus et de répit, de préservation de son identité et de son indépendance et permet d’échanger avec ses collègues. Ce qui ne veut pas dire que la position d’aidant n’affecte pas la carrière professionnelle : la fatigue qu’elle provoque a des conséquences sur la concentration et l’efficacité. 33 % des aidants en emploi ont dû aménager leur travail (horaire, lieu, nature du travail). Une majorité d’entre eux ont aussi tiré un trait sur leurs loisirs. Les aidants tendent ainsi à s’enfermer dans l’aide et leur principal besoin exprimé est le répit.
Malgré la situation difficile dans laquelle ils se trouvent, des points positifs sont associés à leur activité d’aide, quel que soit leur niveau de charge. 16 % des personnes estiment que leur présence auprès de la personne âgée améliore leur complicité et 11 % se sentent valorisés. Beaucoup estiment acquérir des connaissances et exercer des valeurs qui leur sont chères comme la générosité ou le respect. Ils trouvent également positif que leur aide permette à leur proche de rester à domicile.
(1) « Aider un proche âgé à domicile : la charge ressentie » – Etudes et résultats n° 799 – Mars 2012 – disponible sur