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HANDICAP : « LA “ PAIREMULATION ” OUVRE LE CHAMP DES POSSIBLES »

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Le Groupement français des personnes handicapées (GFPH) développe la « pairémulation » entre personnes handicapées. Une pratique qui, fondée sur la transmission de l’expérience, renouvelle la relation d’aide, comme l’explique Jean-Luc Simon, son président (1).

Comment est née la pairémulation ?

C’est en 1992 que nous avons découvert dans des centres de rééducation au Canada et aux Etats-Unis le « peer counceling » – le terme anglophone de « pairémulation » –, c’est-à-dire l’intervention de personnes handicapées autonomes auprès d’autres devenues handicapées à la suite d’un traumatisme. Cela nous a confortés dans nos intuitions sur l’intérêt de nous appuyer sur l’expérience des pairs en complément de celle des professionnels. Devenu paraplégique en 1983 alors que j’étais éducateur spécialisé en formation d’infirmier psychiatrique, j’avais moi-même pris conscience du fossé existant entre mes représentations de professionnel et la réalité des restrictions de capacité, et de l’urgence de rapprocher les deux rives.

Depuis quand développez-vous cette pratique ?

Nous avons développé formellement cette méthode de formation à l’autonomie à partir de 1997 dans le cadre d’un programme expérimental de deux ans de la Commission européenne visant à créer des équipes régionales de soutien par les pairs. La pairémulation permet à une personne handicapée qui a réussi à vivre selon ses choix de transmettre son expérience à une autre en perte d’autonomie et de lui ouvrir le champ des possibles. Cela peut aller de l’intervention ponctuelle à un suivi plus long afin de déclencher l’envie d’agir. Je me souviens de cette mère qui a repris confiance pour son fils de 10 ans atteint d’incapacité motrice cérébrale après sa rencontre avec un pairémulateur qui, dans la même situation, mène une vie d’adulte riche sur le plan social. Le soutien est d’ailleurs mutuel puisque si le bénéficiaire renforce ses capacités, son accompagnateur valorise son expérience et voit sa fonction sociale reconnue, ce qui participe à sa restauration narcissique. L’intervention n’en est pas moins très encadrée : les pairémulateurs, qui reçoivent une formation de trois jours, doivent respecter une charte garantissant des règles éthiques et de confidentialité.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Des équipes de pairémulateurs, bénévoles le plus souvent, se sont mises en place au sein d’associations membres du GFPH. Il en existe une, d’une dizaine de personnes, à l’association Handi’Cap citoyen à Caen, tandis que deux autres, soutenues par le GIHP (Groupement pour l’insertion des personnes handicapées physiques), sont en cours de création à Strasbourg et à Paris. Un groupe très dynamique fonctionne à Rennes porté par une association créée par un pairémulateur installé comme travailleur indépendant. L’association Voir ensemble, qui réunit des personnes aveugles, s’est aussi engagée dans cette pratique. Par ailleurs, nous sommes sollicités par des directeurs d’établissements de l’Association des paralysés de France ou de la Fédération APAJH pour faire venir des pairémulateurs auprès des résidents. Dans ce cas, afin de prévenir tout conflit avec les professionnels, leur intervention se fait dans le cadre d’une convention entre la structure dont ils dépendent et l’association demandeuse.

Un développement plutôt lent ?

Nous comptons de 25 à 30 pairémulateurs. Notre volonté n’est pas d’aller vite mais d’ancrer peu à peu cette pratique dans les esprits. Nous avons aujourd’hui des soutiens des conseils régionaux qui financent la formation et des encouragement de la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, présente à nos premières assises en avril 2011. Nous lançons en avril prochain une recherche sur deux ans conduite par Eve Gardien, chercheuse au CNRS (2), afin d’examiner la fonction sociale de la pairémulation. Peut-elle par certains de ses aspects devenir un métier ? Sachant que, pour nous, cette fonction doit rester ouverte et permettre à ceux qui le souhaitent d’en faire une activité professionnelle.

Notes

(1)http ://gfph.dpi-europe.org.

(2) Et financée par la Fondation internationale de la recherche appliquée au handicap. Des dossiers ont aussi été déposés à la Fondation de France et auprès de certains départements.

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