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Les recommandations sur l’autisme sont accueillies très diversement

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Les associations de parents se félicitent de voir reconnues les approches éducatives et comportementales, tandis que le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire dénonce le rejet d’une psychiatrie basée sur la dimension relationnelle.

La Haute Autorité de santé (HAS) a finalement désavoué la psychanalyse, mais sans la condamner explicitement. Dans ses recommandations élaborées conjointement avec l’ANESM (Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux) sur la prise en charge des enfants et adolescents autistes ou atteints de troubles envahissants du développement (voir ce numéro, page 7), elle a classé dans les interventions « non consensuelles » les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle. Si la formulation est moins sévère que celle de la version intermédiaire révélée par le quotidien Libération du 13 février, où ces approches étaient rangées dans les interventions « non consensuelles ou non recommandées », la position reste inchangée sur le fond : ces approches n’ont, selon la HAS, pas fait la preuve de leur pertinence et les équipes des centres hospitaliers universitaires et organismes de recherche sont invitées à « développer la recherche clinique ».

En privilégiant les approches éducatives et comportementales, ces recommandations constituent incontestablement une victoire pour les associations de parents d’enfants autistes. « Une page se tourne, cela fait 30 ans que l’on se bat pour cela », se félicite-t-on au Collectif Autisme, qui rassemble six fédérations d’associations de parents d’enfants autistes, même s’il regrette que « les approches psychanalytiques soient seulement qualifiées de “non consensuelles” ». Plus nuancée, l’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) se réjouit de voir reconnues les pratiques éducatives qui « aident la personne à développer ses capacités dont ses compétences sociales ». Néanmoins, elle considère que ces recommandations relèvent surtout « la grande relativité des preuves scientifiques d’efficacité de l’ensemble des méthodes thérapeutiques (médicaments, psychothérapies…) et éducatives », soulignant « qu’aucune d’entre elles n’est une panacée et ne permet de guérir l’autisme ». Leur intérêt est justement, selon l’Unapei, de mettre l’accent sur « l’absolue nécessité d’adapter les différentes stratégies éducative et thérapeutique aux particularités de chaque enfant et de coordonner les différentes interventions dans le cadre d’un projet personnalisé ».

Quoi qu’il en soit, l’Unapei, tout comme Vaincre l’autisme qui renouvelle sa demande de moratoire sur cette pratique, se félicite que les plus grandes réserves soient émises sur le « packing ». Objet d’une large polémique, cette technique d’enveloppements humides est utilisée pour traiter, en accord avec les parents, les symptômes d’automutilation d’enfants autistes sévères. La Haute Autorité de santé y est formellement opposée, même à titre exceptionnel, en dehors de protocoles autorisés.

« Une catastrophe pour les enfants autistes qui bénéficient du packing et leurs pa­rents », s’alarme quant à lui Pierre Delion, chef du service de pédopsychiatrie au CHRU de Lille et pionnier de cette technique en France. Selon lui, elle est utilisée par des dizaines d’équipes de pédopsychiatrie. Il souligne en outre que cette décision « contraire à la réalité scientifique, clinique et thérapeutique » empêche « gravement » la réalisation de la recherche sur le packing en cours depuis deux ans dans son service à la demande du ministère de la Santé. « Ainsi une décision est prise sans attendre les résultats de ce travail important », s’insurge le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire. Ce dernier voit surtout dans les recommandations le rejet d’une psychiatrie adossée à la psychanalyse « ouverte sur l’altérité […] dans sa prise en compte du transfert, de l’inconscient et du désir humain » et « qui serait incapable de faire ses preuves ». « Tout ce qui ne peut être “évalué” dans l’immédiateté, par des chiffres, des statistiques […], se trouve invalidé explicitement par la HAS. » Et de dénoncer le « carcan étouffant » des recommandations, des accréditations et protocoles (1). Quant au vrai problème de « l’insuffisance de moyens, de lieux d’accueil et de prise en charge intensive », il n’est, lui, « absolument pas pris en compte ».

Notes

(1) Le collectif appelait d’ailleurs à un meeting le 17 mars à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour interpeller les candidats à la présidentielle sur les « dérives politiques, techniques et gestionnaires » qui menacent la psychiatrie.

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