C’est un fait : le logement pèse de plus en plus lourd dans le budget des Français et représente aujourd’hui 22 % de la consommation des ménages, ce qui constitue le premier poste de leurs dépenses. Depuis 30 ans, les loyers progressent plus vite que les revenus des locataires et, en 15 ans, les prix à l’achat des logements anciens ont été multipliés par 2,5, rappelle le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), qui a analysé les conséquences de cette situation sur les ménages (1).
Premier constat : les personnes en bas de l’échelle sociale et les classes moyennes « ont vu leurs perspectives de devenir un jour propriétaire s’éloigner » (aujourd’hui, seuls 31 % des bas revenus sont propriétaires, contre 51 % en 1990). Le parc locatif est alors devenu de plus en plus marqué sociologiquement et accueille, en majorité, des ménages jeunes, célibataires, ayant des revenus modestes. « Le statut d’occupation du logement devient un marqueur social », notent les auteurs.
Deuxième conséquence : l’augmentation du coût du logement empiète sur les autres postes de dépenses. C’est particulièrement vrai dans le cas de l’alimentation : les foyers qui consacrent plus de 30 % de leurs ressources à se loger, dépensent par mois 120 € de moins que les ménages ayant un taux d’effort pour leur logement inférieur à 10 %. De même ils consacrent 120 e de moins pour les transports et « économisent » 75 € sur les loisirs et la culture, 67 € sur l’équipement et la maison. Certains renoncent même à partir en vacances.
Troisième conséquence, la probabilité d’être en bonne santé est diminuée de 30 % lorsque le ménage peine à faire face à ces dépenses de logement. Ainsi les personnes qui consacrent une part importante de leurs ressources à se loger sont plus nombreuses à souffrir de problèmes de sommeil (37 %, soit sept points de plus que celles qui ne déclarent aucun problème de logement), de nervosité (45 %, 11 points de plus) ou d’état dépressif (16 %, 6 points de plus).
Enfin, les problèmes de logement retentissent sur l’ensemble des relations sociales. L’étude montre que, à niveau de revenus, de diplôme et d’âge équivalent, la difficulté à assumer ses charges de logement augmente de 40 % le risque de souffrir de solitude.
(1) « Les dommages collatéraux de la crise du logement sur les conditions de vie de la population » – Cahiers de recherche n° 281 – Décembre 2011. Etude réalisée à partir de deux enquêtes : « Conditions de vie et aspirations » du Crédoc et « Budget des familles » de l’INSEE – Disponible sur