Quelques jours aux Canaries

Si l’illustrateur Miguel Gallardo a souhaité que sa fille María apparaisse comme coauteure de cette bande dessinée, c’est parce que l’adolescente a inspiré chaque page de María et moi. L’histoire se résume en quelques mots : Miguel Gallardo, jeune Barcelonais divorcé, emmène sa fille en vacances aux Canaries. Quelques jours au soleil sont dessinés ici, du trajet en avion au séjour dans un complexe hôtelier peuplé de touristes allemands. Ce journal de voyage est rempli d’événements et de situations banales qui, pour María et Miguel, se transforment en autant de petites aventures ponctuées d’innombrables problèmes… car María est autiste. Chaque page montre sa difficulté à se conformer aux codes sociaux – elle pince les gens quand elle est contente et ne se prive pas de dire à quelqu’un qu’elle le trouve moche – ou ses problèmes de motricité et de coordination. Mais l’artiste met tout autant en avant les qualités de sa fille : sa mémoire exceptionnelle, son don d’observation, son sourire précieux et communicatif. L’auteur-papa se met également en scène, exprimant sa colère devant « le mur invisible [qui] se referme autour de María quand on la voit pour la première fois ou qu’on la croise quelque part. Un mur d’étrangeté et de peur de l’inconnu ». Puis se réjouissant que « certains sont tombés amoureux de María, en comprenant après quelque minutes de conversation que ce n’est pas si difficile de communiquer avec elle ». Avec beaucoup d’humour, Miguel Gallardo délivre un message d’espoir : les murs qui entourent María sont hauts mais pas infranchissables. La place accordée au texte par rapport aux dessins, griffonnés de manière enfantine, appuie ce message. Dans l’avant­propos du livre, Catherine Barthélémy, professeure au CHRU Bretonneau de Tours, souligne que María et moi « est un véritable manuel pédagogique qui en apprend bien plus sur l’autisme que de nombreux ouvrages académiques consacrés à cette question… » Primé par le Premio Nacional del Cómic de Cataluña, l’album a été porté à l’écran à travers un documentaire (María y yo), dont María et Miguel Gallardo sont les protagonistes.