Les ailes du désir

Le synopsis d’Hasta la vista ne lui rend pas justice : « Trois jeunes d’une vingtaine d’années aiment le vin et les femmes, mais ils sont encore vierges. Sous le prétexte d’une route des vins, ils embarquent pour un voyage vers l’Espagne dans l’espoir d’y avoir leur première expérience sexuelle. » C’est sans doute sciemment qu’il n’est pas révélé que ces trois protagonistes souffrent chacun d’un lourd handicap physique : Jozef est aveugle ; Lars, cancéreux, est confiné en chaise roulante ; Philip est tétraplégique. Et ce que propose le réalisateur flamand Geoffrey Enthoven n’est pas tant un film sur la sexualité des personnes handicapées qu’un génial road movie où, finalement, le voyage est plus important que la destination. Multiprimé (1), Hasta la vista montre tous les obstacles que peuvent rencontrer des personnes à mobilité réduite qui souhaitent voyager. Vivre avec un handicap physique signifie vivre avec une série de limitations, de restrictions, de dépendances… à commencer par celle des parents, que les trois compères auront tout le mal du monde à convaincre. « Nous voulons voler de nos propres ailes », leur annoncent-ils en détaillant l’itinéraire qu’ils veulent entreprendre seuls. Leur désir intense de relations charnelles leur permettra de repousser les frontières (au sens propre comme au figuré), et c’est accompagnés d’une auxiliaire de vie surprenante conduisant une camionnette peu conforme qu’ils prendront la direction de Punta del Mar, où se trouve une maison close légale avec accès pour chaise roulante. Une histoire inspirée de l’aventure de l’Américain Asta Philpot et de deux de ses amis, qui avait fait l’objet d’un documentaire (2). Le plus incroyable, dans ce film sur l’amour et l’amitié, est la prestation des trois comédiens. Robrecht Vanden Thoren, Gilles de Schryver et Tom Audenaert, parfaitement valides, ont su entrer dans la peau de personnes handicapées avec talent. A s’y méprendre.