Alors que le débat entre les « pro » et les « anti-psychanalyse » dans le traitement de l’autisme est ravivé par une proposition de loi (1), des professionnels de la santé, des parents d’enfants autistes, des enseignants, des chercheurs, des intellectuels, des éducateurs, lancent un « Appel à une plateforme consensuelle pour l’année “autisme 2012” » (2). Cette plateforme qui a déjà recueilli près de 80 signatures (3), souhaite que l’autisme « cesse d’être l’enjeu de batailles opposant de façon stérile les approches nées de conceptualisations, d’époques ou de découvertes scientifiques que l’on voudrait rendre divergentes ». Loin de nier que « des praticiens de la psychanalyse ont soutenu des positions blessantes en laissant penser aux parents qu’ils étaient coupables de la maladie de leurs enfants », ils estiment que « cette époque est désormais en grande partie révolue ». Aujourd’hui, sans abandonner la réflexion psychanalytique, les équipes de pédopsychiatrie développent des dispositifs centrés sur l’enfant et ses parents, « en y associant beaucoup d’autres courants théoriques allant des neurosciences à la psychologie développementale et à l’histoire des idées ».
Les auteurs plaident pour une prise en charge précoce de l’autisme comprenant les dimensions éducative, pédagogique et thérapeutique. Ils exhortent les professionnels en charge des enfants autistes à prendre « un engagement de respect mutuel et de découverte des spécificités des autres » et demandent aux chercheurs, aussi bien en génétique et neurosciences qu’en sciences humaines et cliniques, d’« aider les professionnels à intégrer leurs travaux dans les pratiques ».
La plaforme appelle la Haute Autorité de santé – qui doit formuler des recommandations de bonnes pratiques sur l’autisme le 6 mars prochain – à « soutenir la diversité et la complémentarité des différentes approches des troubles envahissants du développements et des troubles du spectre autistique » (4).
Enfin, les auteurs demandent aux personnalités politiques « de ne pas interférer dans les champs des compétences professionnels », mais d’aider à l’amélioration de la prise en charge des personnes autistes. Ils notent d’ailleurs l’urgence qu’il y a à « évaluer scientifiquement la réalité des réponses apportées actuellement par les services sanitaires et médico-sociaux ».
(1) Visant à « interdire l’accompagnement psychanalytique des personnes autistes au profit des méthodes éducatives et comportementales » – Voir ASH n° 2744 du 27-01-12, p. 24.
(2) Disponible sur
(3) Dont celles de Bernard Golse, pédopsychiatre, Roland Gori, psychiatre et président de l’Appel des appels, Bernard Durand, président de la Fédération Croix-Marine, Elizabeth Badinter, philosophe, Caroline Eliacheff, pédopsychiatre et psychanalyste…
(4) D’après le quotidien Libération du 13 février, la Haute Autorité de santé s’apprêterait à classer l’approche thérapeutique au rayon des « interventions globales non recommandées ou non consensuelles ». A la suite à cet article, la HAS ? a aussitôt regretté « que les phrases citées [par Libération] se révèlent hors contexte ou inexactes au regard de la version actuelle du document ».