A quelques semaines de l’élection présidentielle, le bras de fer se durcit entre le président de la République et les élus locaux. Pour l’Assemblée des départements de France (ADF) et l’Association des régions de France (ARF), la conférence sur les finances locales organisée le 10 février à l’Elysée (voir ce numéro, page 9) avait « pour objectif affiché d’incriminer la gestion financière des collectivités locales et de les mettre à contribution au titre de la réduction des déficits publics ». Sans surprise, les élus ont donc rejeté l’invitation de Nicolas Sarkozy à l’effort de rigueur. Pour les deux associations, cette réunion a confirmé « le profond désaccord d’analyse » qui existe entre le gouvernement et les élus. Estimant qu’elles « n’ont pas de leçon à recevoir de l’Elysée », celles-ci contestent notamment le diagnostic du gouvernement concernant la hausse des effectifs de la fonction publique territoriale. Elles rappellent que « la hausse des dépenses de personnel trouve souvent des justifications extérieures aux choix de gestion des départements ». Si « le chiffre des effectifs a été doublé en l’espace de 30 ans, concède Claudy Lebreton, président de l’ADF, le budget des collectivités a été multiplié par quatre, et un agent des collectivités coûte moins cher budgétairement qu’un agent de l’Etat. »
Rejetant l’idée d’un pacte de stabilité des dépenses publiques, les deux associations indiquent qu’elles ont besoin « d’un véritable contrat de confiance et non pas de défiance » qui « ne peut se construire de manière inopinée en fin de quinquennat, après des années de stigmatisation ». Enfin, l’annonce d’une enveloppe financière de 2 à 5 milliards d’euros est « sans commune mesure avec les besoins financiers et leurs conséquences sur les usagers et les entreprises ». La réduction des déficits publics suppose, selon elles, que « l’Etat mette de l’ordre dans sa gestion et ses choix fiscaux. Elle implique aussi qu’il se modernise, ce qui passe par un nouvel élan de décentralisation, pour enfin clarifier qui fait quoi ».