En 1912, la loi Bonnevay créait les offices publics de logement social. Cent ans plus tard, dans le cadre de la manifestation Toit&Moi, une exposition préparée notamment par des historiensretrace l’histoire des habitations à loyer modéré (HLM). Des bidonvilles au logement pour tous, comment est né le logement social ? Comment a-t-il évolué en fonction des crises ? Six espaces d’exposition définissent autant d’époques. La visite commence par la fin du XIXe siècle, marquée par la prolifération de l’habitat insalubre. Outre la reproduction d’un taudis, on y aborde la révolte des locataires et les premières réponses législatives et expériences privées de logement ouvrier. La deuxième séquence est consacrée à la loi Bonnevay, qui règle les modalités d’intervention des communes et de l’Etat dans la construction d’habitations – en photo, les figures historiques qui ont marqué ce mouvement social. Le troisième espace chronologique s’étend d’un après-guerre à l’autre. C’est le temps de l’essor des premiers offices d’habitation bon marché (HBM) réservés à l’« élite ouvrière ». Peu de gens pouvaient alors accéder à ce confort, illustré dans l’exposition par la reproduction grandeur nature d’une salle à manger de l’époque. Un effort de construction est entrepris pendant les Trente Glorieuses. Des ensembles de plus en plus grands sont élaborés, souvent vite et avec des matériaux bas de gamme. A la fin des années 1970, les bidonvilles ont été résorbés mais le modèle des barres et des tours monumentales suscite des critiques. Les décennies qui suivent, retracées dans le cinquième espace (1975-2003), sont marquées par des tensions sur le marché du logement. C’est l’époque de la « crise » des cités, illustrée par de nombreux articles de quotidiens et des reportages tirés de journaux télévisés. Lentement, l’idée d’une nécessaire réhabilitation trouve sa voie. En 2000, la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU) (1), et la création, en 2003, de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) renouvellent la volonté publique de maintenir le système du logement social. Dans la dernière séquence, le visiteur revient au présent, avec la présentation des enjeux actuels des offices d’habitat et l’exposition d’images originales de deux photographes, Mathieu Pernot et Anne-Laure Boyer, qui ont travaillé sur les intérieurs des appartements. « Le HLM ne se résume pas aux tours tant décriées, c’est un grand mouvement de l’histoire de France », résume Stéphane Peu, président de Plaine Commune Habitat (2), maître d’ouvrage de cette exposition vivante et interactive. Outre quelques photos de la cité des Minguettes, à Vénissieux (Rhône), l’essentiel des documents concerne le 93 (la cité des 4000 à La Courneuve, La Muette à Drancy, etc.), département où l’habitat social est particulièrement présent.
(2) Office public de l’habitat de la communauté d’agglomération Plaine Commune, qui gère 17 000 logements dans huit villes de Seine-Saint-Denis.
1912-2012, cent ans de logement social – Jusqu’au 22 mai – Du mardi au dimanche, de 10 h à 18 h – 6, rue de la Légion-d’Honneur, 93200 Saint-Denis – En parallèle, des balades urbaines font découvrir les logements sociaux à Stains, La Courneuve, Aubervilliers et Saint-Denis (programme sur