Recevoir la newsletter

L’Unaforis nouvelle est sur les rails

Article réservé aux abonnés

Image

Les instances politiques de l’Unaforis

Crédit photo ISABELLE SARAZIN
Trois ans après sa création, l’Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale (Unaforis) a réussi à réunir très largement les centres de formation au sein d’un réseau national unique. Installée définitivement, la nouvelle organisation va pouvoir se consacrer à ses objectifs ambitieux, dont la création des Hautes Ecoles professionnelles en action sociale et de santé.

Le 26 janvier, la grande majorité des centres de formation qui adhéraient à l’Aforts (Association française des organismes de formation et de recherche en travail social) et au GNI (Groupement national des instituts régionaux du travail social) et qui ont adhéré à l’Unaforis ont élu leurs représentants au conseil d’administration et au bureau de cette dernière. Sans surprise, Pierre Gauthier a été reconduit à la présidence avec 97 % des voix. A l’issue d’une période provisoire de sept mois, le réseau national unique des établissements de formation en travail social est installé dans sa forme définitive (1). Une date historique, puisque 39 ans après la création de la Fédération nationale des comités d’entente et de liaison des centres de formation (qui avait vu le jour le 13 décembre 1972), elle clôt la longue et douloureuse épopée vers une représentation unitaire de l’appareil de formation, faite d’alliances, de schismes et de recompositions.

Il aura fallu trois ans à l’Unaforis, née le 19 décembre 2008 et constituée au départ comme la simple union de l’Aforts et du GNI, pour parvenir à un réseau unique. Un temps qui peut sembler long au vu des défis auxquels est confronté l’appareil de formation, à savoir la concurrence accrue d’autres opérateurs, le bouleversement du champ de la formation et l’inscription dans l’espace européen de l’enseignement supérieur. Néanmoins, « un temps de maturation nécessaire » pour parvenir à rallier le plus grand nombre autour d’un projet partagé – « un projet nécessaire et ambitieux », estime Pierre Gauthier. Car, au-delà de la réunion de deux appareils, à l’histoire, à la culture et à la composition différentes, il s’agissait d’obtenir l’adhésion de l’ensemble des centres à une nouvelle vision de l’appareil de formation, restructuré autour des hautes écoles professionnelles en action sociale et de santé (Hepass). Soit un nouveau modèle d’établissement de formation – qui n’est plus seulement une école mais un pôle ressources en région sur la formation, la recherche, l’animation – plus proche de l’esprit qui avait présidé à la création des IRTS que des centres de formation de moindre importance. Le pari était donc loin d’être gagné, comme l’ont montré les inquiétudes légitimes exprimées par certains dès l’automne 2010.

L’alliance du temps et de l’énergie dé­ployée depuis trois ans a finalement payé. 122 centres sur les 150 que comptaient les deux anciens réseaux ont adhéré à l’Unaforis. De ce point de vue, la première assemblée générale de l’Unaforis constitue incontestablement une victoire politique. Même les quelques établissements de l’Aforts, qui avaient, par la voix de leurs directeurs, manifesté leurs craintes sur le projet, ont rejoint le nouveau réseau, sans toutefois donner un blanc-seing. « Nous avions mis en garde contre les risques d’absorption des centres par les hautes écoles et de disparition de la diversité des appro­ches pédagogiques. Nous avons pris acte du fait que la gouvernance et la gestion des futures plateformes régionales sont laissées au choix de leurs promoteurs. Dans ces conditions, nous avons décidé ensemble d’adhérer à l’Unaforis et de participer à ses instances dans un esprit constructif. Avec l’idée d’œuvrer à la construction des hautes écoles dans le respect de l’identité des centres de formation », témoigne Serge Desseigne, directeur du centre de formation des CEMEA (Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active) Languedoc-Roussillon. L’ancien délégué régional d’Aforts a d’ailleurs été élu représentant territorial de l’Unaforis et travaille actuellement à la constitution de la plateforme régionale. La création de l’Unaforis « a nécessité des négociations serrées. Le meilleur de ce qui pouvait l’être a, semble-t-il, été obtenu. Il appartient maintenant à chaque centre dans les régions de défendre son existence », ajoute Philippe Gaberan, directeur de l’Ecole de travail éducatif et social de Marvejols (Lozère), qui précise toutefois que « cela va être compliqué pour les petits centres de formation ».

Des choix distincts

En revanche, la Croix-Rouge française avec ses 20 instituts régionaux de for­mation sanitaire et sociale, dont sept qui étaient adhérents à l’Aforts, a fait « le choix de préserver son rôle d’acteur distinct par sa gouvernance, son organisation, son ingénierie spécifique », et de ne pas adhérer à l’Unaforis, sans pour autant s’isoler. « Convaincue de la nécessaire rénovation de la formation, elle a réorganisé son appareil de formation dès 2005 à partir du décloisonnement des formations sanitaires et sociales dans une logique de formation tout au long de la vie. Celui-ci regroupe l’ensemble des formations du niveau infra V au niveau I autour d’une ingénierie qui prend appui sur un socle identitaire décliné à partir de trois concepts : transversalité, ouverture, innovation », explique Maïté Ané, directrice nationale de la formation. Pas question toutefois pour la Croix-Rouge de rester à l’écart. Si l’adhésion au nouveau réseau n’est pas d’actualité, « nous sommes dans une démarche d’ouverture constructive avec l’Unaforis et, plus largement, avec tous les partenaires institutionnels à l’échelle régionale, nationale et internationale », tient-elle à préciser.

Quant aux autres centres de l’Aforts qui n’ont pas rejoint l’Unaforis, « certains ne l’ont pas fait pour des raisons internes, parce qu’ils sont, par exemple, en cours de restructuration, mais ils devraient adhérer plus tard. D’autres ont peu de formations sociales et ne se sentent pas engagés par le projet de l’Unaforis, explique Chantal Cornier, vice-présidente de l’Unaforis. L’essentiel, c’est que les adhérents des anciens réseaux sont presque tous au rendez-vous. » Sachant en outre qu’une quinzaine de centres, qui n’appartenaient ni à l’Aforts ni au GNI, sont candidats à l’adhésion.

Les instances politiques de l’Unaforis

Le premier objectif visant à rassembler le plus largement possible les établissements de formation sous un même toit est donc atteint. Reste à faire de la nouvelle organisation une force capable à la fois « d’anticiper, de proposer et d’être réactive », selon les termes de son président. A cette fin, prévient-il, « l’Unaforis ne saurait être un appareil – en l’occurence un micro-appareil – ni une technostructure, mais un collectif et un mouvement ascendant au service de valeurs ». Des valeurs énoncées dans le préambule des nouveaux statuts, qui, dans le contexte actuel, prend soin de rappeler « la mission de service public de formation dans un cadre international, européen, national et régional ». Déclinaison logique de la philosophie affichée, la nouvelle organisation se veut à la fois représentative, comme le montre l’important conseil d’administration (41 membres), et fortement ancrée au plan régional : des trois collèges instaurés au sein du conseil d’administration, celui des territoires régionaux est majoritaire (26 représentants). Par ailleurs, l’ensemble des présidents et directeurs des centres, réunis au sein d’une conférence nationale, devraient être consultés au moins une fois par an. Objectif visé ? Créer « un processus participatif permanent » de remontées d’informations, de réactions et de propositions.

Enfin, le système de représentation des centres de formation est pondéré en fonction de l’éventail de leur offre de formation afin de tenir compte de la diversité des établissements : chaque personne morale adhérente dispose d’une voix plus une voix par formation effectivement mise en œuvre.

De grands chantiers à venir

La nouvelle organisation sur les rails, la priorité concerne désormais la mise en place des plateformes régionales. C’est en effet une étape décisive pour parvenir à créer les Hepass, l’un des projets phares de l’Unaforis destiné à renforcer l’ancrage des formations sociales dans l’enseignement supérieur tout en maintenant leur vocation promotionnelle. Ces plateformes régionales visent à mettre fin à l’atomisation du dispositif de formation en permettant aux établissements de formation – qui conserveront leur personnalité juridique – de mutualiser certaines fonctions (expertise, recherche, intervention au niveau international, collaboration avec des universités…). Si le cahier des charges, validé en septembre dernier, se veut assez souple et laisse les manières de faire au choix des promoteurs, ce chantier n’en reste pas moins complexe à mettre en œuvre. Son avancée est en effet fortement dépendante des configurations locales en fonction des dynamiques de coopération déjà existantes ou du nom­bre d’établissements dans les régions (qui peut passer de un ou deux à une quarantaine, comme en Ile-de-France). « On aura des régions qui partiront très vite. Dans quelques-unes, il y aura des réticences, mais il y aura un effet d’entraînement », estime Pierre Gauthier. L’objectif, en tout cas, est de pouvoir commencer le processus de labellisation par l’Unaforis à partir du deuxième trimestre 2012.

Mais le véritable enjeu reste la création des Hepass, qui ont d’ailleurs été retenues par le ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale dans ses « orientations nationales pour les formations sociales 2011-2013 ». Souhaitant avancer sur la question de leur statut, Pierre Gauthier espère pouvoir présenter des propositions à la direction générale de la cohésion sociale et à la direction générale de l’enseignement supérieur autour de juin prochain. L’idée serait aussi que les Hepass puissent délivrer, par délégation de l’Etat, des certifications (licence, master, doctorat) en complément des diplômes de travail social.

L’autre projet phare concerne la réforme de l’architecture des formations afin de fluidifier le système et de faciliter la mobilité des professionnels dans l’Union européenne en se calant sur le processus LMD. Sur ce sujet, la direction générale de la cohésion sociale affiche une certaine prudence puisqu’elle entend évaluer au préalable les effets de la « réingénierie » des diplômes de niveau III à raison de deux diplômes par an, dans le cadre d’un groupe de travail de la Commission professionnelle consultative du travail social et de l’intervention sociale. L’Unaforis, qui avait sorti un premier document en juillet 2010 (2), entend néanmoins parallèlement reprendre ses réflexions sur l’architecture des diplômes et les proposer aux ministères concernés.

A côté de ces deux projets phares, l’Unaforis poursuit plusieurs objectifs. Tout d’abord le développement de la recherche au sein de l’appareil de formation, « même si celui-ci a vocation à couvrir les formations du niveau V au niveau I », tient à préciser Pierre Gauthier. De ce point de vue, la circulaire du 6 mars 2008, qui a créé les pôles de recherche et d’étude pour la formation et l’action sociale (Prefas), a permis des coopérations régionales entres les centres de formation et des laboratoires de recherche, des départements universitaires, des administrations, des institutions médico-sociales… Le rapprochement des Prefas et des futures Hepass fera d’ailleurs partie des réflexions que devra mener la commission sur la recherche. Dans l’immédiat, l’Unaforis est partenaire de la conférence de consensus « sur la recherche sociale et la recherche en travail social » organisée les 14 et 15 novembre prochain par la chaire de travail social et d’intervention sociale du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) (3). Une autre priorité pour l’Unaforis concerne le développement du partenariat avec les universités, mais « en discutant d’égal à égal », précise Pierre Gauthier. Un certain nombre d’établissements ont déjà engagé des coopérations et délivrent de façon concomitante un diplôme d’Etat du travail social et un diplôme universitaire. On devrait y voir plus clair sur ce qui se fait au plan national avec l’état des lieux que doit rendre autour de la fin du premier semestre 2012 le groupe de travail confié à Marcel Jaeger, professeur titulaire de la chaire de travail social et d’intervention sociale du CNAM. « Ce travail devrait permettre de dépasser les représentations sur les clivages universités-centres de formation », estime notamment Jean-Michel Godet, secrétaire de l’Unaforis.

Par ailleurs, l’Unaforis et le RUFS (Réseau universitaire des formations sociales) – qui réunit 18 universités et des départements « carrières sociales » des IUT – ont décidé en début d’année de se rencontrer régulièrement sur certains dossiers comme la mise en crédits européens des formations sociales, le diplôme d’Etat d’ingénierie sociale, la conférence de consensus… Ce partenariat avec le RUFS s’inscrit dans une stratégie d’alliances que l’Unaforis souhaite développer. Elle vient d’ailleurs de signer une déclaration commune avec le Comité d’entente des formations infirmières et cadres dans laquelle les deux organisations indiquent partager « des ambitions communes » – comme la création d’une architecture des formations complètes, de la licence au doctorat, et de hautes écoles professionnelles – et avoir décidé des rencontres régulières.

Notes

(1) Voir ASH n° 2716 du 1-07-11, p. 21.

(2) Voir ASH n° 2667 du 9-07-10, p. 30.

(3) Par ailleurs, l’Unaforis organise sa seconde biennale du 4 au 6 juillet 2012 à Nancy sur le thème « Travail social sans frontières: innovation et adaptation » au cours de laquelle sera remis le « Prix du meilleur mémoire santé social 2012 » – www.unaforis.eu.

Décryptage

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur