Alors que le MNCP (Mouvement national des chômeurs et précaires) estime que les mesures d’urgence annoncées le 18 janvier lors du sommet social (voir ce numéro, page 11) n’apportent « rien de neuf face au chômage » et qu’il appelle à poursuivre les mobilisations, la FNARS dénonce « l’illusion du volontarisme » (1).
La plupart des mesures ne sont pas nouvelles et avaient déjà fait l’objet d’annonces non suivies d’effet, ironise-t-elle.Par exemple, la promesse du chef de l’Etat de proposer à ceux qui n’ont plus d’activité professionnelle depuis au moins deux ans « soit une formation, soit un emploi, soit un processus de resocialisation » a déjà était évoquée à plusieurs reprises, notamment lors du plan d’action pour l’emploi de février 2011 (2). En outre, que faut-il entendre par « offre d’emploi » et « offre de formation » ?, s’interroge l’organisation, qui demande que soit proposée « une offre d’emploi ou de formation par période de trois mois dans le cadre d’une obligation de résultats du service public de l’emploi ». Les personnes les plus éloignées de l’emploi sont les « oubliées du sommet social », déplore la FNARS, qui souhaite que l’on utilise les réponses offertes par l’insertion par l’activité économique.
Les mesures concernant les jeunes lui paraissent également insuffisantes. Si elle salue la réactivation du dispositif « zéro charges », qui exempte les très petites entreprises de toutes charges en échange de l’embauche d’un jeune de moins de 26 ans, elle rappelle que l’objectif doit être une insertion pérenne dans l’emploi, quel que soit le niveau de qualification. Selon elle, le sommet n’apporte que « des réponses partielles » aux 14 % de jeunes sans emploi et hors du dispositif de formation. Et surtout les plus en rupture sont « laissés à l’abandon », déplore la FNARS, rappelant les propositions ambitieuses de la plateforme baptisée « Big bang pour la jeunesse » (3). Enfin, autre « effet d’annonce », les 1 000 recrutements annoncés à Pôle emploi. « Comment des conseillers recrutés en CDD vont-ils pouvoir s’investir dans leurs missions et acquérir les compétences pour accompagner chacun ? »
« On ne réglera pas la question de l’emploi en France par quelques nouvelles mesures prises à la hâte dans une conjoncture pré-électorale », prévient, de son côté, le collectif Pacte civique, qui réunit de nombreuses organisations et personnalités engagées dans la lutte contre le chômage (4). Invitant à changer de méthode face au chômage, il appelle à la mise en place, « immédiatement après l’élection présidentielle », d’un « Grenelle de l’emploi » pour faire « de l’emploi de qualité pour tous, à temps choisi », une priorité nationale. Quatre propositions mériteraient, selon lui, d’être examinées : affecter une part des crédits des politiques de l’emploi à l’organisation et à l’expression des demandeurs d’emploi, inciter les partenaires sociaux à négocier des accords de défense et de promotion de l’emploi, étendre le champ de l’assurance chômage afin de réduire la place excessive des minima sociaux et donner des moyens au service public de l’emploi, créer une obligation d’embauche de chômeurs de longue durée par les administrations et par les entreprises (assortie d’une sanction financière).
Des propositions que le collectif souhaite voir inscrites dans une réflexion prospective sur le sens et la nature du travail et de l’activité, leur place dans les équilibres de vie individuels et collectifs et sur les droits et devoirs qui les accompagnent.
(1) Ces associations avaient, avec d’autres, fait part de leurs revendications à la veille de ce sommet – Voir ASH n° 2743 du 20-01-12, p. 21.
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