« La majeure partie des déterminants sociaux de la santé se constituent en amont du système de soins, dans les conditions de vie et de travail des individus », relève l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) dans un rapport relatif aux inégalités sociales de santé récemment rendu public (1). Par conséquent, « l’action sur le système de prévention et de soins ne permet pas à elle seule de réduire les inégalités sociales de santé ». Pour l’IGAS, « le ministère de la Santé ne peut apporter seul la réponse à ce problème », un constat qu’elle illustre dans un second rapport consacré aux inégalités sociales de santé chez l’enfant (2). L’IGAS avait été missionnée sur le sujet en 2010 par Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, dans le cadre de la préparation de la prochaine de loi relative à la santé publique. La réduction des inégalités sociales de santé a en effet été annoncée comme une priorité de cette nouvelle loi, conformément aux préconisations du Haut Conseil de la santé publique (3).
L’enfance (0 à 9 ans) est « une période de la vie où se constituent nombre des inégalités sociales de santé constatées plus tard au cours de l’existence ». Cela « revient à dire, explique l’IGAS, que la santé des enfants n’est pas le produit de la seule biologie, mais qu’elle est en partie liée à la position sociale de leurs parents ». C’est pourquoi elle recommande que l’impact sur la santé des actions menées dans les domaines du logement, de l’éducation, de l’accueil des jeunes enfants et du soutien parental soit recherché de façon systématique et méthodique, ce qui n’est pas le cas actuellement. Dans le domaine de l’accueil collectif des jeunes enfants, elle préconise notamment de donner une priorité aux enfants issus de milieux défavorisés car ces modes d’accueil « peuvent favoriser le développement cognitif et l’éveil intellectuel des enfants » et « offrent l’occasion de repérer des problèmes de santé qui auraient pu passer inaperçus ». Par ailleurs, « le soutien à la parentalité peut avoir un impact considérable sur la santé des enfants, notamment sur le développement satisfaisant de leur personnalité », estime l’IGAS. Elle recommande à ce titre de cibler davantage les stratégies d’action en faveur du soutien parental, en orientant les actions « le plus tôt possible, dès la grossesse, en direction des populations les plus défavorisées, des territoires où les populations sont confrontées à un cumul de difficultés, des dispositifs accueillant des familles plus particulièrement en difficulté ». Elle préconise également de consolider financièrement la situation des associations qui œuvrent dans ce domaine et de développer les formations des professionnels. Dans le domaine du logement, l’IGAS relève que la politique d’amélioration de l’habitat privé et de lutte contre le logement « indigne » a des effets sur la santé. Mais, faute de connaissance sur la situation familiale des habitants, les autorités publiques ne peuvent pas prioriser les crédits pour la rénovation des logements où vivent de jeunes enfants. L’IGAS recommande donc de procéder à des enquêtes sur la situation familiale afin de moduler les taux des aides à la réhabilitation de l’habitat en fonction de la présence ou non d’enfants. Enfin, l’école a également un rôle à jouer dans la lutte contre les inégalités sociales de santé, plus particulièrement par le biais de son service de médecine scolaire. Celui-ci, estime l’IGAS, devrait réorienter ses actions au profit des enfants issus de milieux défavorisés ou présentant des risques de santé plus élevés.
(1) Les inégalités sociales de santé : déterminants sociaux et modèles d’action – Marguerite Moleux, Françoise Schaetzel, Claire Scotton – Mai 2011 – Disp. sur
(2) Les inégalités sociales de santé dans l’enfance: santé physique, santé morale, conditions de vie et développement de l’enfant – Alain Lopez, Marguerite Moleux, Françoise Schaetzel, Claire Scotton – Mai 2011 – Disp. sur