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Violences et santé : des liens établis, une prise en charge insuffisante, selon la DREES

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La violence entraîne-t-elle des effets néfastes sur la santé de ceux qui la subissent ? Alors que ses conséquences somatiques ou psychologiques constituent une cause de plus en plus visible de prise en charge par le système de santé, rares sont les enquêtes statistiques à avoir jusqu’ici exploré la question sous cet angle. Les auteurs du riche ouvrage que publie la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) (1) ont d’abord tenté de cerner les profils et comportements des personnes qui ont subi des violences ou des événements de vie difficiles (décès d’un parent, placement…). A cette fin, ils ont croisé les résultats de plusieurs études (2), dont l’enquête « Evénements de vie et santé » (EVS, 2005-2006), réalisée à partir d’entretiens auprès de 10 000 hommes et femmes sur tous les types de violences qu’ils ont pu subir (physiques, sexuelles, psychologiques, atteintes aux biens…).

Il en résulte que près d’une personne sur deux dit avoir subi au moins un acte violent au cours des deux dernières années. Les violences verbales, très fréquentes, touchent près d’une personne sur cinq. Les jeunes apparaissent davantage exposés aux violences interpersonnelles et les femmes sont plus nombreuses que les hommes à déclarer avoir subi des violences sexuelles au cours de leur vie entière. Elles disent également plus souvent que leurs homologues masculins avoir supporté des dommages importants dans les domaines matériel, professionnel, psychologique ou physique, à la suite des violences subies.

Les contributeurs, de disciplines diverses, étudient ensuite comment ces événements s’articulent à des problèmes de santé. Ainsi, les victimes de violences verbales, physiques ou sexuelles sont plus nombreuses que les autres à souffrir de troubles du sommeil. L’usage de drogues illicites apparaît fortement lié aux violences subies au cours des deux dernières années et aux événements familiaux vécus pendant l’enfance et l’adolescence. Quant à la sexualité, les personnes ayant subi des brutalités psychologiques ou sexuelles dans leur jeunesse semblent plus fréquemment avoir recours à la contraception d’urgence et avoir des conduites à risques (grossesses non désirées, infections sexuellement transmissibles). « Les violences subies peuvent donc altérer la perception relative du danger encouru », note Florence Maillochon, sociologue.

Enfin, seuls deux tiers des victimes de violences psychologiques ou verbales et la moitié des victimes de violences physiques ou sexuelles confient ce qui s’est passé à au moins deux personnes. Celles qui taisent les faits ou qui attendent avant d’en parler présentent plus fréquemment un trouble anxieux ou un état dépressif majeur. D’où l’importance « de l’accompagnement et de l’écoute des victimes. L’enjeu est donc de développer des dispositifs adéquats pour joindre les personnes qui taisent ou qui révèlent tardivement des faits violents, une population par définition difficile à atteindre mais que l’enquête EVS permet de mieux identifier », commente Sévane Ananian, statisticienne.

Notes

(1) Violences et santé en France : Etat des lieux – Disponible sur www.sante.gouv.fr/violences-et-sante-en-france-etat-des-lieux.html.

(2) Enquête nationale sur les violences envers les femmes (ENVEFF, 2000), enquêtes de victimation, Baromètre santé… et un nouvel outil, le questionnaire auto-administré par ordinateur qui permet de recueillir des informations sur des sujets sensibles.

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