Alors que le sommet social rebaptisé « sommet sur la crise », réuni le 18 janvier avec les partenaires sociaux, a été l’occasion pour Nicolas Sarkozy d’annoncer des mesures d’urgence sur l’emploi des jeunes, l’activité partielle, la formation des chômeurs et le renforcement des effectifs de Pôle emploi – pour un montant total de 430 millions d’euros, selon l’Elysée – et de promettre une « réforme radicale » de la formation professionnelle ainsi que des mesures « d’ici la fin de ce mois » pour doper l’offre de logement (1), plusieurs organisations ont regretté de ne pas avoir été invitées. C’est le cas de l’Usgeres (Union de syndicats et groupements d’employeurs représentatifs dans l’économie sociale), qui déplore toujours que les représentants de l’économie sociale soient exclus du dialogue social, mais aussi de l’Association des régions de France, par la voix de son président Alain Rousset (PS), « dès lors que les politiques de l’emploi et les questions de formation professionnelle » sont abordées.
L’Usgeres avait néanmoins tenu à formuler ses propositions en matière d’emploi et de formation professionnelle dans une lettre adressée la veille au président de la République. Parmi celles-ci, la création d’un contrat « jeunes » de trois ans axé sur des métiers d’utilité sociale et ouvert aux moins de 26 ans embauchés dans le cadre d’une création de poste : ouvrant droit à un accompagnement d’une durée de 36 mois, il serait financé par le redéploiement d’une partie des crédits affectés aux contrats aidés. En complément du contrat de sécurisation professionnelle visant les licenciés économiques, l’Usgeres propose de créer un « contrat d’engagement de reconversion professionnelle » afin de permettre aux demandeurs d’emploi rencontrant des difficultés à trouver un emploi dans leur métier d’origine d’accéder à une formation qualifiante vers un métier porteur ou non pourvu.
Elle souhaite également pour tout actif la création d’un compte formation tout au long de la vie : abondé par un crédit formation alimenté proportionnellement au nombre d’années travaillées, il serait composé des heures du droit individuel à la formation (DIF) transférables d’une entreprise à l’autre et d’un élargissement des modalités du congé individuel de formation. Concernant le chômage partiel, et même si elle précise que cette mesure n’est pas la plus adaptée aux entreprises de l’économie sociale, l’Usgeres est favorable à une simplification administrative du dispositif, à un envoi plus systématique des salariés en formation et à une prise en charge financière plus incitative.
« Ne tombez pas dans le piège de l’invention de l’énième nouvelle réponse ou de dispositif temporaire », avaient plaidé, de leur côté, les réseaux de l’insertion par l’activité économique dans une lettre ouverte aux pouvoirs publics et aux partenaires sociaux rendue publique le 17 janvier. Et de rappeler que des solutions ont fait leur preuve comme l’insertion par l’activité économique, qui accueille chaque année 250 000 personnes – bénéficiaires du RSA, jeunes sans qualification, chômeurs de longue durée – dans ses 3 500 structures.Soulignant que l’impulsion donnée par le « Grenelle de l’insertion » en 2008 n’a pas été suivie « d’un programme à la hauteur des besoins » et que le secteur est sous-financé, les réseaux proposent de permettre chaque année à 500 000 personnes de bénéficier de « cette passerelle vers l’emploi ».
« Une fois encore le gouvernement et les partenaires sociaux parlent du chômage sans les chômeurs ! », dénoncent, enfin, les organisations du collectif « Les raisons de la colère » – dont AC !, l’APEIS et le MNCP (2). Au-delà des réformes du système d’accompagnement et d’indemnisation des personnes sans emploi, elles réclament des mesures d’urgence pour les chômeurs et précaires et une revalorisation immédiate de 250 € des minima sociaux. Alors qu’elles exigeaient de participer au sommet social et qu’elles avaient lancé un appel avec des associations d’altermondialistes et les Indignés à « occuper Pôle emploi » – qui a entraîné des manifestations dans certaines agences en début de semaine –, elles ont finalement obtenu d’être reçues la veille au cabinet du ministre du Travail.
Plus d’infos sur le sommet social sur
(1) Nous reviendrons sur ce sommet social dans notre prochain numéro.
(2) Agir ensemble contre le chômage, Association pour l’emploi, l’information et la solidarité des chômeurs et des travailleurs précaires et Mouvement national des chômeurs et précaires.