Vous avez une pratique bien spécifique et peu connue de l’accueil temporaire…
Défini par le décret du 17 mars 2004 (2), l’accueil temporaire s’adresse aux personnes handicapées de tous âges et aux personnes âgées pour une durée limitée, à temps complet ou partiel. Il vise à développer ou à maintenir les acquis et l’autonomie de la personne et à faciliter ou préserver son intégration sociale.
Dans le champ de la santé mentale, les établissements – FAM, maisons d’accueil spécialisées ou foyers de vie – qui proposent quelques places d’hébergement temporaire accueillent une personne pour une durée limitée à 90 jours au maximum par an. Dans notre établissement, nous l’utilisons surtout comme un moment d’évaluation afin d’orienter la personne vers un établissement adapté. Par exemple, un patient hospitalisé qui ne relève plus de soins lourds peut être adressé à un FAM pendant trois mois afin de déterminer vers quel type de structure il pourrait être orienté.
En quoi consiste cette évaluation ?
Il s’agit d’observer la personne accueillie dans tous les temps de la vie quotidienne. Les professionnels notent leurs observations par écrit, la façon dont celle-ci se comporte collectivement par exemple. Cette évaluation demande un fort investissement de la part des soignants et des personnels éducatifs. En fin de séjour temporaire, nous rencontrons les soignants qui nous ont adressé l’usager afin de leur remettre le rapport final et d’échanger sur nos préconisations. Ce document est adressé à la maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Nous restituons aussi à l’usager ce que nous avons observé. Plus qu’une parenthèse, l’accueil temporaire peut devenir un outil pour mieux orienter la personne. Mais il ne doit pas prendre la forme d’une période d’essai avant un hébergement permanent.
Que se passe-t-il après ?
Le rapport d’évaluation peut proposer d’orienter la personne vers l’établissement dans lequel elle a été accueillie temporairement ou vers un autre plus adapté. Le problème est qu’il n’y a pas toujours de place en accueil permanent. Dans ce cas, la personne retourne d’où elle vient – hôpital, famille, appartement thérapeutique… –, ce qui est parfois mal vécu. Elle s’est adaptée à une autre prise en charge et doit reprendre d’anciennes habitudes, se réadapter à une structure hospitalière par exemple, où les sorties sont limitées et les activités moins nombreuses.
L’accueil temporaire a aussi d’autres fonctions…
Effectivement, nous l’utilisons également pour permettre aux proches qui accompagnent la personne au quotidien de souffler quelques jours ou pour prendre leur relais en urgence lorsque l’un des parents doit être hospitalisé. L’accueil temporaire peut aussi prendre la forme d’un séjour de rupture, notamment en cas de crise ou de passage à l’acte : la personne change d’établissement pendant quelques semaines, ce qui permet à la structure de prendre un peu de distance.
Cet accueil se heurte à des difficultés financières…
La demande est forte mais les places ne sont pas toujours occupées car la procédure administrative est très lourde. Il faut l’accord de la MDPH, constituer un dossier d’aide sociale qui peut prendre parfois six mois… Certains établissements en viennent à avancer l’argent sans assurance de recevoir le financement (3).
(1) Qui devait fait part de son expérience lors d’une conférence organisée le 19 janvier à Paris par l’Association régionale d’aide à la santé mentale Croix-Marine Ile-de-France.
(3) La caisse nationale de solidarité pour l’autonomie a fait des recommandations pour développer l’hébergement temporaire, notamment sur le volet financier – Voir ASH n° 2731 du 11-11-11, p. 7.