Une jeune femme surgit dans le bureau. Elle a été adoptée. Sa mère était suivie par un service social. Celui-ci précisément. Et elle veut connaître son identité. « Secret professionnel », répond, nerveuse, Anne Dubret…
Assistante sociale depuis trente ans, Agnès Andersen s’est lancée dans l’écriture pour relater les aventures tristement rocambolesques de son double littéraire, Anne Dubret, assistante sociale également, mais dans la fictive ville de Neuvel-sur-Treste du tout aussi fictif Département Perdu. De cette relation siamoise sont nés quatre ouvrages. Un par an (1). Le premier, L’assistante sociale ne répond plus (2008), visait à « retracer un quotidien trop lourd ». L’auteure s’est ensuite penchée, dans Ames sensibles s’abstenir (2009), sur « le rapport des professionnels avec leur mission, leur remise en question personnelle et leur motivation ». Avant de poursuivre son questionnement avec Vivre de rien (2010) : face à la pauvreté, que peut faire une assistante sociale, avec les moyens dont elle dispose ?
Dans Interdits d’avenir, avenir interdit, Anne Dubret se voit confier l’animation d’un atelier d’écriture pour des personnes atteintes de troubles mentaux. Schizophrènes, trisomiques, délirants. C’est l’histoire de Maud qui, par l’écriture, se dévoile. C’est l’histoire de Jade qui, par l’intermédiaire des poupées, se met à parler. Mais c’est aussi l’histoire d’Anne, troublée, touchée, déroutée. Guérison, maternité, décès, croyances. De son écriture toujours sincère, par ses questions parfois désarçonnantes, Agnès Andersen confie son désarroi. Son héroïne ne sait pas si elle doit annoncer à Jade qu’elle n’aura plus d’enfants. Elle se demande comment réagir avec les patients délirants. Elle se regarde se plaindre alors qu’elle a tout. Une mise à nu salvatrice.
Interdits d’avenir, avenir interdit – Agnès Andersen – Ed. Bataille (