Les conseillères en économie sociale familiale (CESF) sont modestes. Elle ont pourtant des spécificités à faire valoir. Privilégiant une approche pragmatique, fondée sur de solides apprentissages techniques, ce sont des spécialistes de la vie quotidienne, capables d’aborder tout à la fois le budget, le logement mais aussi l’alimentation, la santé ou l’insertion sociale et professionnelle. Leur « formation éclectique à visée concrète et opérationnelle », comme la décrit le sociologue François Aballéa (1), leur fait préférer le concret à la théorie, la recherche du compromis aux principes généraux. Ce « sens du réel » donne une tonalité particulière à leur intervention.
« Notre démarche scientifique et technique nous permet d’aborder les problématiques liées à l’habitat avec une rigueur méthodologique qui rassure les employeurs », affirme Anne-Laure Budin, une des trois conseillères en économie sociale familiale du service social du Pact-Arim du Rhône. Secteur d’intervention traditionnel de ces professionnelles, le logement n’est toutefois pour elles qu’une porte d’entrée qui permet d’accompagner les locataires et les propriétaires en difficulté pour accéder à un logement ou s’y maintenir, lors d’un relogement lié à une opération de rénovation urbaine ou dans le cadre d’actions de lutte contre la précarité énergétique et de lutte contre l’habitat indigne… Parmi les thématiques abordées lors du suivi individuel, le budget figure tout en haut de la liste.
« L’éducation budgétaire est une de nos expertises principales », précise Eliane Marroc, présidente de France-ESF (2). « C’est notre technicité qui nous rend crédible par rapport à une intrusion dans le budget. Du fait de nos connaissances en matière de chauffage, par exemple, on va pouvoir affirmer qu’une chaudière est dépassée et donc que son utilisation coûte trop cher », avance Pascale Mallet, directrice de l’ADAC, une association qui emploie une quinzaine de CESF (voir encadré, page 35). Mais, là encore, le budget n’est qu’une clé technique pour accompagner la famille dans sa globalité. L’accompagnement éducatif budgétaire (AEB), mission centrale de ces professionnelles, ne vise pas seulement à mieux gérer les ressources : il doit plus largement participer à l’amélioration de l’organisation de la vie quotidienne pour « que toutes les exigences individuelles et sociales de la personne soient satisfaites (hygiène, diététique, maîtrise du fonctionnement social, accès au droit…) » (3).
Or, après avoir été un peu boudée, cette approche fait son retour en force à la faveur de la crise économique. « La baisse des ressources implique que les personnes ont besoin de trouver d’autres solutions que la consommation à tout prix », explique Eliane Marroc. « Dans les années 1980, tout le monde contractait un crédit sans se demander comment il allait être remboursé. Avec la crise, on revient à l’épargne et à la nécessité d’être économe et de faire avec ce qu’on a. Si on ajoute les préoccupations écologiques, l’éducation budgétaire prend une forme nouvelle autour de l’idée que ça fait du bien à la planète et au budget », poursuit Pascale Mallet.
Pour ces professionnelles, la notion d’« écologie » n’est d’ailleurs pas entièrement nouvelle : dès 1975, un article d’Informations sociales (revue de la CNAF) consacré aux CESF évoquait leur intervention dans le cadre d’une « écologie de la vie quotidienne » (4) – expression reprise telle quelle dans le nouveau référentiel professionnel (voir encadré, page 37). « Aujourd’hui le développement durable est à la mode et valorisé mais les professionnelles de l’économie sociale familiale s’inscrivent depuis toujours dans une telle démarche, notamment à travers leurs interventions liées aux dépenses énergétiques et aux habitudes alimentaires », note Agnès Fostel, référente de la commission ESF de l’Unaforis (Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale) et codirectrice d’un ouvrage sur la profession (5). Avec la paupérisation des usagers, les CESF sont ainsi « réinterpellées » sur des postes budgétaires – comme l’alimentation ou l’habillement – jugés ringards dans les années 1980. « Quand on sait qu’un plat préparé coûte quatre à six fois plus cher qu’un plat fait maison, on voit toute l’importance pour les personnes démunies d’apprendre à cuisiner », explique Pascale Mallet.
« Le budget n’est pas qu’un plan comptable, analyse Eliane Marroc. Même en difficulté, chaque famille va prioriser tel ou tel poste : le téléphone, le loyer, l’alimentation… Travailler au niveau du budget, c’est faire le lien entre l’argent et la quotidienneté. » Une intention pas si facile à mettre en œuvre quand s’y ajoute, avec les cartes bancaires, la dématérialisation monétaire, qui peut modifier les représentations liées à l’argent.
De plus, les dispositifs de droit commun ne suffisent pas toujours à trouver des solutions. « Nous avons de moins en moins de moyens pour aider les usagers, notamment lorsqu’ils ne rentrent dans aucune case », témoigne Fabienne Lassalle. Cette CESF de formation, qui assure le soutien technique et pédagogique d’une équipe de délégués aux prestations familiales au sein de l’Union départementale des associations familiales des Landes, avoue faire « de plus en plus appel aux associations caritatives, aux Restos du cœur, aux épiceries sociales, aux tarifs sociaux pour l’électricité… ».
En outre, le profil des usagers change : « A une époque, nous étions davantage sur une intervention auprès de personnes bénéficiaires de minima sociaux ; aujourd’hui, il y a un élargissement des publics, avec de plus en plus de travailleurs pauvres, et des difficultés qui se complexifient », constate Anne-Laure Budin. La paupérisation des familles modifie également les formes de surendettement : « Alors qu’elles avaient des difficultés pour payer leurs crédits à la consommation ou leur crédit immobilier, désormais c’est pour payer leurs dépenses courantes : le surendettement est de moins en moins lié à la surconsommation mais de plus en plus à la consommation quotidienne », observe Fabienne Lassalle. Cette dernière constate également une explosion des dépenses de communication (téléphonie, abonnement Internet…), en partie incompressibles car indispensables pour trouver un emploi, inscrire ses enfants à l’école, etc.
L’accroissement de la précarité des familles a également des incidences au niveau sanitaire. « De plus en plus de personnes n’ont plus les moyens de se soigner correctement, note Eliane Marroc. Nous sommes amenées à réaliser un travail éducatif autour de l’hygiène de vie afin de prévenir certaines maladies. » L’idée étant d’éviter qu’un problème de santé ne vienne s’ajouter aux autres difficultés.
A l’instar des assistants de service social, les CESF sont aux avant-postes pour observer les conséquences de la précarité sur les familles : augmentation du nombre d’usagers souffrant de pathologies mentales, montée de l’agressivité… « Nous n’avons pas de baguette magique, commente Fabienne Lassalle. Nous demandons aux familles de la rigueur budgétaire sur le long terme, ce qui engendre une frustration difficile à accepter. »
En phase avec la montée des difficultés économiques, ce recentrage sur l’éducation budgétaire s’est traduit par la création de l’accompagnement en économie sociale et familiale (AESF) dans la loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance. Cette mesure – dont les modalités sont précisées dans un guide pratique du ministère de la Santé et des Solidarités (6) – doit être exercée par « un professionnel formé à l’économie sociale et familiale ». Sa mission : comprendre, avec les familles, d’où viennent leurs difficultés financières, organiser la gestion de leur budget et évaluer de quelles ressources elles disposent et comment faire face à une éventuelle dépense imprévue ou à une diminution de leurs ressources. « C’est la première fois que l’économie sociale familiale est nommée dans un texte de loi avec une spécificité explicite : les conseillères sont désormais reconnues comme des spécialistes du budget à travers une double fonction préventive et éducative », se félicite Eliane Marroc.
Nombre de CESF se sentent toutefois à l’étroit dans cette image d’Epinal d’une profession centrée sur les publics ayant des difficultés financières. Les employeurs leur reconnaissent d’ailleurs une expertise plus large. « On peut accéder à des postes auxquels on n’avait pas accès avant », affirme avec force Corinne Tichit. La preuve : aujourd’hui, elle est… référente technique du service dédié à l’allocation personnalisée d’autonomie au sein de la direction « personnes âgées et personnes handicapées » du conseil général des Bouches-du-Rhône. Y interviennent des assistants de service social et des CESF dont la mission commune consiste à instruire et à évaluer le plan d’aide et de maintien à domicile. Comme Corinne Tichit, nombre de professionnelles sont désormais embauchées, non plus pour leur expertise budgétaire globale, mais pour des fonctions plus spécifiques pour lesquelles leur approche est recherchée.
A l’instar de celui des personnes âgées, d’autres secteurs ouvrent leurs portes à ces professionnelles : l’aide à domicile, l’insertion, les tutelles, le handicap, voire l’aide aux migrants… A côté des employeurs traditionnels (les caisses d’allocations familiales et de mutualité sociale agricole gèlent leurs embauches alors que les centres communaux d’action sociale et conseils généraux les maintiennent), le secteur associatif devient le principal vivier d’emplois – preuve que le métier « s’est considérablement adapté aux besoins du terrain et à l’évolution de la société », observe Agnès Fostel. Dans ce maquis professionnel, il n’est toutefois pas rare que les conseillères en économie sociale familiale occupent des postes non étiquetés comme tels : elles sont en effet « mandataires déléguées » (protection des majeurs), « déléguées aux prestations familiales » (protection de l’enfance), « conseillères sociales » (pour les bailleurs sociaux) ; et, dans la fonction publique hospitalière et territoriale – qui regroupe environ 40 % des CESF –, « assistantes socio-éducatives ».
Cet élargissement des champs d’intervention suscite une certaine méfiance des autres travailleurs sociaux de niveau III (bac + 2) – notamment des assistants de service social – qui craignent qu’on ne marche sur leurs plates-bandes. Une rumeur a d’ailleurs couru, au sein des conseils généraux, selon laquelle les conseillères seraient plus efficaces et ordonnées que les assistantes sociales. « Depuis les années 1980, les représentations évoluent, soulignent Eliane Gueneret et Sylvie Palomino, référentes également de la commission ESF de l’Unaforis. Les employeurs apprécient leur côté pragmatique, rigoureux, analytique ainsi que leur capacité à poser un diagnostic global, à repérer les leviers d’intervention, à mettre en place des projets adaptés à la situation de la personne, de la famille, du groupe, du territoire local, à rendre les individus acteurs de leur capacité à entrer dans une dynamique de changement de comportement, au travers de projets mesurables en termes d’efficacité et d’efficience, à travailler sur l’évaluation et la remédiation… » La profession connaît d’ailleurs une forte progression. De 7 000 en 1998, les CESF étaient passées à environ 10 000 en 2006 (derniers chiffres disponibles) – contre environ 40 000 assistants de service social.
Contrepartie de cette ouverture, l’éclatement des missions et des lieux d’intervention rend difficile toute vision d’ensemble du métier. Selon François Aballéa, le métier serait même dépourvu d’« arête ». Contrairement aux assistants sociaux, qui sont dotés d’un socle identitaire fort (avec, notamment, le secret professionnel), les CESF n’ont pas constitué de « référentiel normatif partagé », souligne le sociologue. Il constate, par ailleurs, que la réforme de la formation de 2009 est passée à côté de la constitution d’un « noyau dur », qui aurait permis à la profession de se resserrer autour d’un point d’ancrage unique (logement, famille, énergie…).
Ce flou identitaire s’ajoute à la tendance historique des conseillères en économie sociale familiale à ne pas revendiquer haut et fort leur singularité. Représentantes d’une profession récente qui vient de l’enseignement ménager (voir encadré, ci-contre), peu nombreuses, elles redoutent toujours de n’être pas reconnues comme des travailleurs sociaux à part entière et préfèrent souvent mettre l’accent sur ce qui les rapproche des assistants de service social et des éducateurs spécialisés plutôt que sur ce qui les distingue. Cette discrétion professionnelle les rend sans doute moins armées que leurs collègues face à l’émergence, constatée par de nombreux observateurs, d’un travailleur social polyvalent et interchangeable. D’autant que ce qui les différencie des assistants de service social reste subtil : « Les professions de CESF et d’assistantes sociales sont à la fois proches et en tension, explique Henri Pascal, historien du travail social. Côté différences : les conseillères abordent surtout le quotidien domestique alors que les assistantes sociales se saisissent plutôt du quotidien relationnel. En outre, les premières s’appuient historiquement sur des sciences dures alors que les secondes font surtout référence à des sciences molles comme la sociologie ou la psychologie… A ces réserves près, ce sont toutes deux des professions de femmes qui s’adressent majoritairement à des femmes dans les différents aspects de la vie quotidienne. »
La réforme des diplômes des CESF, en 2009, a plutôt renforcé les proximités entre les deux professions. « Les références sont désormais les mêmes », observe François Aballéa. Cette orientation corrobore des évolutions déjà à l’œuvre : recrutements indifférenciés entre assistants de service social et CESF, profils de postes communs… Constatant qu’elle était régulièrement amenée à « faire fonction » d’assistante sociale, Catherine Boyer a d’ailleurs franchi le pas et préparé le diplôme d’Etat d’assistant de service social par le biais de la validation des acquis de l’expérience (VAE) : « Aujourd’hui, nous avons les mêmes outils, les mêmes méthodes d’intervention, la même formation à l’écoute que les assistantes sociales sans être aussi bien connues qu’elles et sans avoir les mêmes possibilités de mobilité géographique. »
Faut-il craindre alors la mort des CESF ? « Certes, il y a un risque de dilution », admet Corinne Tichit. Au fil du temps, dans son service, les compétences des unes et des autres se sont rapprochées « En fonction de notre formation, nous avons une sensibilité différente, même si l’objectif final est le même », précise toutefois Fabienne Lassalle.
Reste que ces nuances s’effritent. Outre la tendance à la psychologisation de l’intervention sociale, le mouvement d’éloignement du terrain qui existe chez les assistants de service social s’observe aussi chez les CESF : avec les techniciens de l’intervention sociale et familiale et les auxiliaires de vie sociale, on assiste aujourd’hui à un effet de filière qui situe mécaniquement les conseillères en bout de chaîne, plutôt dans un bureau qu’au domicile des usagers. « Les CESF interviennent-elles vraiment encore à domicile ? Mettent-elles encore la main à la pâte ? N’est-ce pas un mythe ? », se demande François Aballéa. « Nous sommes dans un accompagnement plus global, moins dans l’acte lui-même que les techniciens de l’intervention sociale et familiale », admet Eliane Marroc. « Nous nous situons bien sûr sur le terrain, dans la relation d’aide, mais moins dans le “faire au quotidien”, précise encore Corinne Tichit. C’est cette distance qui nous permet de faire de l’analyse, de l’évaluation, du diagnostic, de la méthodologie de projet, de l’expertise technique, de la recherche de financement. » Mais est-ce finalement si différent de ce que font les assistants de service social ? François Aballéa, Isabelle Benjamin et François Ménard interpellent les CESF pour qu’elles fassent « valoir la spécificité de leur objet, la singularité de leur approche et donc la légitimité de leur intervention dans le respect de leur identité loin de toute revendication corporatiste » (7). Un appel, semble-t-il, toujours d’actualité.
L’ADAC a été créée en 1985, à Saint-Etienne, par de jeunes conseillères en économie sociale familiale (CESF) tout juste formées. Son sigle signifiait alors « Association pour le développement de l’action des conseillères » (8).
A l’époque, la profession est encore mal connue. « Seule la caisse d’allocations familiales en emploie une vingtaine, dont cinq seulement sont diplômées ; leurs missions s’apparentent à des missions de monitorat d’enseignement ménager », expliquent les documents de l’association.
Dans ce contexte, l’ADAC cherche à promouvoir la profession en proposant des prestations de service à tous les organismes intéressés (associations, collectivités, administrations, offices HLM, entreprises…). Au fil du temps, l’association change peu à peu d’objet : elle se dote d’une équipe pluridisciplinaire (outre une quinzaine de CESF, elle emploie une assistante de service social, une infirmière, une psychologue et une thérapeute corporelle) afin de mener une activité élargie de conseil, de formation et d’action sociale. Prenant acte de cette évolution, l’ADAC devient en 2006 « Accompagner, dynamiser, agir, créer ». Aujourd’hui, elle peut exercer des mandats aussi différents que la maîtrise d’œuvre urbaine et sociale de projets de relogements dans le cadre d’une opération de renouvellement urbain, le suivi de salariés en difficulté au sein de leur entreprise à la demande du service social du travail, de la direction des ressources humaines ou du comité d’entreprise ou l’accompagnement de bénéficiaires de minima sociaux.
« La dimension économique de notre intervention est indéniable car nous travaillons avec des personnes qui ont peu de moyens. Pourtant elle ne se résume pas au budget ni à remplir un dossier de surendettement, précise Pascale Mallet, directrice de l’association. Ce qui intéresse les organismes qui font appel à nous, finalement, c’est plus notre méthodologie – qui vise à permettre aux personnes d’être acteurs de leur devenir au sein de leur famille mais aussi plus globalement dans leur vie – que le métier de CESF. »
Si la démarche reste profondément imprégnée par l’économie sociale familiale avec une attention particulière « au quotidien et au concret de la vie des personnes », l’association s’ancre clairement dans le développement social local – qui faisait déjà partie du cadre d’intervention des CESF dans les années 1970 avant d’être balayé à la fin des années 1980 par l’individualisation des pratiques d’intervention sociale.
Considéré, à notre époque, comme désuet, l’enseignement ménager, qui se généralise à la fin du XIXe siècle en direction des jeunes filles en vue d’en faire de bonnes maîtresses de maison, est l’ancêtre de l’économie sociale familiale. Est-ce un héritage de cette période, aujourd’hui encore plus de neuf conseillères sur dix sont des femmes…
Les ancêtres des conseillères en économie sociale familiale (CESF) ont « été fortement impliquées dans le développement du progrès ménager et de la promotion de l’appareillage domestique qui a permis aux femmes de travailler », précise Henri Pascal, historien du travail social. Il faut attendre la révolution des mœurs qui accompagne mai 1968 pour que l’enseignement ménager laisse la place à l’économie sociale et familiale avec, en 1969, la création du BTS économie sociale familiale (diplôme de l’Education nationale) et, en 1973, la création du diplôme d’Etat de CESF (sous l’égide des ministères des Affaires sociales et de l’Education nationale). C’est ainsi « chronologiquement une des dernières professions du travail social “canonique” à avoir vu le jour », indique François Aballéa (9).
Aujourd’hui, comme le spécifie le décret du 1er septembre 2009, « le diplôme d’Etat de CESF atteste des compétences nécessaires pour accompagner, dans une démarche éducative et sociale globale, des personnes, des groupes ou des familles dans les domaines de la vie quotidienne ».
Le référentiel professionnel, (arrêté du 1er septembre 2009) précise que « son intervention privilégie une finalité éducative […] et vise la valorisation et/ou l’appropriation de compétences par les personnes, les familles, les groupes, compétences qui vont leur permettre d’accéder à leurs droits, de prévenir et/ou de gérer les difficultés de leur vie quotidienne ». L’idée est « qu’ils puissent progressivement accéder à leur autonomie et à la maîtrise de leur environnement domestique ».
Agissant « de façon individuelle ou de façon collective […] dans le cadre d’un double registre d’intervention, préventif et curatif, le CESF assure des actions de conseils, d’informations, d’animation, de formation […] ainsi que des actions d’accompagnement budgétaire ».
En 2009, la réforme des diplômes (BTS et diplôme d’Etat) de conseiller en économie sociale familiale « a permis de mettre en adéquation la formation qui datait de plus de 30 ans et l’évolution des pratiques de terrain », observe Agnès Fostel, référente de la commission ESF de l’Unaforis (Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale).
Pour le diplôme d’Etat, le principal objectif consistait à « aligner sa structure sur celle des autres diplômes en travail social de niveau III et [à] l’ouvrir à la validation des acquis de l’expérience [VAE] » (10).
Désormais des passerelles existent donc avec les diplômes d’Etat d’éducateur spécialisé, d’éducateur de jeunes enfants et d’assistant de service social : deux domaines de compétences sur quatre sont maintenant communs aux quatre professions.
Le BTS économie sociale familiale n’est donc plus la seule porte d’entrée au diplôme d’Etat de CESF. En contrepartie, son rôle d’insertion professionnelle immédiate a été renforcé.
Bien que son volume horaire ait baissé avec la réduction – déplorée par de nombreuses professionnelles – d’un certain nombre d’enseignements professionnels (cuisine et couture notamment), il reste toutefois une « formation lourde » qui devient « plus technique » (sur la base d’acquis scientifiques) – à l’inverse du diplôme d’Etat qui demeure « très professionnel » (sur la base d’acquis pratiques), observe le sociologue François Aballéa. « C’est seulement maintenant que nous allons commencer à mesurer l’impact de la réforme en termes de compétences professionnelles », affirme Sylvie Palomino, référente de la commission ESF de l’Unaforis. En effet, les premiers étudiants ayant suivi le BTS rénové n’ont entamé qu’en septembre 2011 le nouveau diplôme d’Etat.
Reste l’autre chantier, qui concerne cette fois l’ensemble des travailleurs sociaux de niveau III : la reconnaissance de leur diplôme au grade de la licence qui n’est toujours pas acquise même si la mise en crédits de leur formation (à hauteur de 180 crédits européens (ECTS), qui doit être achevée d’ici à 2013 (11), constitue un premier pas. Dans la mesure où le BTS est déjà reconnu au niveau III par l’Education nationale, c’est comme si l’année supplémentaire validée par le diplôme d’Etat de CESF ne comptait pas. « Tout cela est d’une grande incohérence », déplore Eliane Marroc, présidente de France-ESF.
C.D.-S.
(1) In « Surintendante d’usines-conseiller du travail et conseiller en économie sociale familiale : deux dynamiques professionnelles divergentes » – Revue française des affaires sociales – Juillet 2004
(2) France-ESF est un réseau d’associations régionales de CESF – France-ESF : 5, rue Las Cases – 75007 Paris –
(3) In Le métier de conseiller(ère) en économie sociale familiale : professionnalité et enjeux – François Aballéa, Florence Brunet, Pauline Kertudo – Ed. La Découverte – 4e édition, 2011 – 17 €.
(4) « La conseillère en économie sociale familiale », article de François Marquart dans le n° 3/75.
(5) Tout en un DE CESF – Ouvrage collectif sous la direction d’Agnès Fostel et d’Eliane Gueneret – Ed. Vuibert, 2011 – 19,50 €.
(6) Disponible sur
(7) In Le métier de conseiller(ère) en économie sociale familiale : professionnalité et enjeux – Op. cit.
(8) ADAC : 14bis, rue de Roubaix – 42000 Saint-Etienne – Tél. 04 77 33 65 34 –
(9) In « Surintendante d’usines-conseiller du travail et conseiller en économie sociale familiale : deux dynamiques professionnelles divergentes » – Revue française des affaires sociales – Juillet 2004.