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Itinéraire d’un clown de la rue

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Enfant de la DDASS, élevée en famille d’accueil, puis sans-abri à Paris, Elina Dumont est montée sur les planches. Pour mieux rire et faire rire de ses malheurs passés.

Elina Dumont porte un tailleur-pantalon noir et les cheveux auburn remontés en chignon. Mais ce qu’on remarque en premier, c’est son grand sourire. Ses belles dents blanches lui ont d’ailleurs permis de sortir de bien des mauvaises situations, révèle-t-elle dans son one-woman show Des quais à la scène. Car qui pourrait croire qu’une femme au sourire « ultra-bright » a vécu des années dans la rue ? Ce n’est qu’à travers sa voix quelque peu éraillée que l’on décèle les vestiges de l’alcool – qui lui permettait de se réchauffer – et du tabac – qu’elle partageait avec ses amis Nenœuil, la Fiole et Zonzon. Elina a toujours été une « marginale ». Née de « Maman DDASS », elle a été placée dans une famille d’accueil peu chaleureuse, dont le seul mérite a été de lui permettre de développer « un sens aigu de la junglerie et de la démerderie ». A peine majeure, elle quitte le Perche pour la capitale, où les mauvaises rencontres vont s’enchaîner. « J’étais naïve… et les hommes savent en profiter », résume-t-elle. Entre magouilles et mauvais plans, elle gagne sa vie un temps, puis, sans le sou, est hébergée « de foyer en foyer, d’association en association ». Sa rencontre avec une multitude de travailleurs sociaux, qu’elle nomme ses « réinséreurs » et à qui elle reproche d’être « sans arrêt à ses trousses », fait l’objet d’une longue satire dans son spectacle. Elle ne se prive pas d’une hilarante imitation des différents styles d’assistantes sociales : la « rassurante », la « débutante », la « juridique » ou encore la « sensible », qui finira par l’accueillir chez elle ! Il y a une dizaine d’années, Elina Dumont est repérée alors qu’elle chante dans le métro pour jouer avec une trentaine d’autres personnes sans abri dans Les bas-fonds de Gorki au palais de Chaillot. Le goût de la scène ne la quittera plus et l’aidera à se réinsérer : depuis cinq ans, elle anime des ateliers théâtre au centre maternel La Chrysalide, à Bobigny (Seine-Saint-Denis), et propose des formations. De ses terribles aventures, Elina s’est dit qu’elle pouvait faire rire. Celle qui se revendique comme un « clown né » se fait aider par une amie éducatrice spécialisée pour prendre de la distance avec son histoire avant de monter sur les planches. L’auteure Marie Desplechin, qui s’est inspirée d’elle pour écrire Sans moi en 1999, est la marraine de son spectacle. Dérision, générosité, il faut du courage et de l’audace pour se mettre à nu ainsi et faire rire de ses propres malheurs.

Des quais à la scène – Elina Dumont – Les jeudis à 20 h 30, au théâtre André-Bourvil – 13, rue des Boulets, 75011 Paris – 16 €, 22 € pour deux personnes, 8 € tarif réduit – Autoproduite, Elina Dumont recherche d’autres lieux de représentation.

Culture

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