Hopecity est une fable, mais de celles qui font peur, car en s’inspirant de la parole des exclus, elle donne à voir ce qui pourrait arriver à notre société si elle n’avait plus d’humanité. Dans Hopecity, ville imaginaire, futuriste, les Nantis ne supportent plus la présence des Lambdas, ces gens « sales et dangereux » qui survivent dans la misère. « La vermine est revenue. Il faut s’en débarrasser ! » Le message passe en boucle dans le haut-parleur diffusé dans toute la ville. Le maire de la cité, également patron de la principale entreprise locale, a tout de même été élu pour mettre en œuvre sa devise : « QHS », quiétude, hygiène et sécurité… Comme solution finale à la misère, il rend public son projet nommé « Orée du bois », encourageant les sans-abri à se rendre à la déchetterie. Mais où se retrouvent vraiment ces SDF auxquels on promet une vie meilleure ? Un petit groupe de Lambdas, méfiant, résiste et se cache dans une voie ferrée désaffectée. Gladys, assistante au ministère du Bonheur, finira par changer de camp. Ecœurée par les projets machiavéliques des Nantis, elle rejoindra les Lambdas dans leur fuite sans fin.
Original, ce long métrage tourné par Léa Jamet est produit par la Boutique solidarité de la Fondation Abbé-Pierre de Marseille, qui soutient « l’expression des personnes dont on n’entend pas la voix ». Le scénario est l’œuvre de deux professionnels du cinéma aidés d’usagers en grande difficulté reçus dans des lieux d’accueil. Ceux-là mêmes qui jouent dans le film. Acteurs émouvants, ils apportent une authenticité à ce projet expérimental qui ne s’apitoie pas sur la détresse liée à l’exclusion mais qui, en s’inspirant de leurs pensées et de leur vécu, vise à « pourfendre idées reçues et préjugés ». Un an de travail a été nécessaire pour l’écriture de cette fiction cruelle, suivi d’un tournage de deux semaines seulement dans les environs de Marseille.
Hopecity – Léa Jamet – 1 h 30 – Le 20 janvier, à Montpellier –