S’il reste majoritaire dans l’aide à domicile, le secteur associatif (4 400 établissements et 184 500 salariés) doit composer avec les entreprises lucratives, en croissance régulière depuis 2004 (plus de 2 000 structures et 38 000 salariés) (1). La concurrence est donc de plus en plus vive. Une étude de l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux) (2) met cependant en évidence les différences entre les deux types d’opérateurs.
Tout d’abord, les établissements lucratifs se caractérisent par leur taille plus petite : 18 salariés en moyenne, contre plus de 40 dans le secteur associatif. 35 % des établissements comptent un ou deux salariés (contre 14 % dans le secteur privé associatif). Ensuite, les salaires sont inférieurs à ceux du secteur associatif : 9 900 € annuels en moyenne, contre 12 500 € annuels dans les établissements associatifs. Enfin, le secteur lucratif est beaucoup moins stable : si plus de 10 % des établissements marchands disparaissent chaque année, moins de 4 % des structures associatives ont fermé leurs portes entre 2009 et 2010. Le taux d’apparition des structures marchandes (10 %) est également plus élevé (4 % dans le secteur associatif). De plus grande taille, le plus souvent situés dans des dynamiques de réseaux, « les établissements associatifs sont particulièrement pérennes », notent les auteurs.
L’étude compare également les secteurs lucratif et associatif sur le plan territorial. Regroupant près de 20 % du total national des salariés, les régions Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes sont les deux poids lourds du secteur associatif. Ce dernier est le seul présent dans certains départements ruraux (Gers, Creuse), mais minoritaire dans d’autres (Paris, Yvelines, Côte-d’Or, Hauts-de-Seine). La répartition de l’offre lucrative et non lucrative n’est pas forcément corrélée à des explications objectives, comme la part des plus de 60 ans dans la population. « La forte présence associative dans certaines régions vient avant tout du dynamisme de la vie associative locale », défendent les auteurs. Sachant que les acteurs lucratifs n’ont bien évidemment pas ciblé les régions où la demande solvable est faible.
Si l’étude révèle ainsi en creux certains atouts du secteur associatif (pérennité, salaires plus élevés, présence indépendante de la solvabilité de la demande), elle n’élude pas pour autant ses difficultés spécifiques. S’il a connu une forte hausse de ses effectifs – entre 2007 et 2009, le nombre des emplois a progressé de plus de 18 000 –, il a perdu 5 800 emplois entre la fin 2009 et le deuxième trimestre 2011. Autre constat : la proportion de contrats à durée indéterminée est restée supérieure à 40 % jusqu’en 2006, avant de décroître régulièrement pour atteindre 35 % en 2010, « traduisant la prudence des responsables des associations employeurs ». Les régions qui ont le plus souffert des difficultés financières des deux dernières années sont le Languedoc-Roussillon (– 1 000 emplois) et Midi-Pyrénées (– 1 380). A l’inverse l’Alsace, l’Auvergne et la Picardie ont gagné des emplois.
(1) L’aide à domicile est aussi une activité exercée par le secteur public – qui représente 362 établissements de statuts différents (CCAS, bureaux d’aide sociale, syndicats intercommunaux…) et 11 000 salariés – et d’autres acteurs de l’économie sociale et solidaire – coopératives, mutuelles et fondations, qui représentent 90 établissements (4 900 salariés).
(2) Réalisée dans le cadre de sa mission de Centre national d’animation et de ressources (CNAR) action sociale, médico-sociale et santé, en partenariat avec l’association Recherches et solidarités – « L’emploi dans l’aide à domicile – Enjeux économiques » – Décembre 2011 – Disponible sur