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« Des pôles de coopération de l’ESS dans les territoires »

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L’une des voies de développement de l’économie sociale et solidaire (ESS) passe par le regroupement de ses acteurs dans les territoires, défend Jean-Louis Cabrespines, le nouveau président du CEGES (Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l’économie sociale) (1).

L’ESS est présentée comme la troisième voie entre l’Etat et le marché. Cette image d’Epinal ne masque-t-elle pas l’hétérogénéité d’un secteur qui compte, à côté des puissantes mutuelles, des associations très dépendantes des financements publics ?

Si leurs territoires d’intervention et leurs activités sont différentes, les quatre familles de l’économie sociale – fondations, mutuelles, coopératives, associations – sont unies par des valeurs communes : ce sont des entreprises de personnes, démocratiques dans leur fonctionnement et qui réinvestissent leurs capitaux dans l’entreprise. Si les associations, parce qu’elles assurent des missions de service public, sont tributaires des financements publics, les mutuelles le sont également lorsqu’elles gèrent des services et établissements en direction des personnes âgées ou handicapées ou qu’elles doivent compenser le déremboursement des dépenses de santé. Et toutes deux sont confrontées au désengagement de l’Etat et des collectivités locales, qui voudraient qu’elles s’investissent davantage dans le champ sanitaire, médico-social ou social tout en les rémunérant de moins en moins !

Vous appelez à la création de pôles de coopération dans les territoires…

L’idée, c’est que les différents acteurs de l’ESS puissent se regrouper au sein de pôles de coopération pour mutualiser leurs pratiques et articuler leurs interventions sur un territoire. Il s’agit de travailler plus intelligemment et que chacun ne réinvente pas la poudre à chaque fois. Ces regroupements, qui se mettent en place depuis un an, peuvent viser le développement économique et la création d’emplois en réunissant par exemple, sur un territoire, des structures de l’insertion par l’activité économique, des associations et des coopératives. Ils peuvent aussi s’organiser autour d’une filière : sociale, médico-sociale, culturelle, etc. En Bourgogne, une coopérative s’est créée autour des services à la personne dans un territoire rural ; elle intervient en complémentarité des mutuelle plus centrées sur le soin et d’associations d’aide à domicile. Au moment ou les groupements de coopération sociale et médico-sociale marquent le pas parce qu’ils posent un problème de gouvernance, ces pôles de coopération permettent aux acteurs de se réunir non pas avec l’idée de savoir qui est le patron, mais comment travailler ensemble en vue d’un objectif commun.

Dans une économie mondialisée, l’économie sociale vous paraît-elle une alternative crédible ?

Oui, même s’il ne s’agit pas d’être utopiste. C’est une voie, pour l’instant, complémentaire de l’économie capitaliste et qui suppose que celle-ci se « moralise ». On ne peut plus être dans un système où une partie du monde s’enrichit au détriment de l’autre ! Mais les esprits évoluent. Même en France, où certains élus lui étaient hostiles, l’ESS gagne du terrain. Le gouvernement et des responsables politiques de tous bords y font désormais référence…

Elle souffre toutefois d’une image réparatrice…

C’est l’une de ses difficultés majeures. Une partie de l’ESS, et heureusement, assure une fonction réparatrice. Mais l’ESS ne se résume pas à cela. C’est avant tout une autre façon de concevoir l’économie et la relation au travail et à l’emploi.

En quoi une loi-cadre va-t-elle permettre une meilleure reconnaissance de l’ESS ?

Aujourd’hui, l’ESS repose sur la force de conviction de ses acteurs, mais n’a aucune existence législative en tant que telle. Une loi-cadre de référence permettra une reconnaissance de ce secteur et ses acteurs pourront exiger son application. Nous y travaillons au sein du Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire, mais nous avons encore besoin de huit à dix mois de consultations pour présenter au ministère un projet qui soit accepté par tous.

Notes

(1) Egalement président du CNCRES (Conseil national des chambres régionales de l’économie sociale) et de la CRES de Bourgogne. Il a aussi été secrétaire général de la Fédération des œuvres laïques dans la Côte-d’Or (2003-2011) et directeur de l’Uriopss de Bourgogne (2000-2003).

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