LIVRE

QUAND L’AIDE S’IMPOSE… Le levier d’une mesure d’action éducative en milieu ouvert (AEMO) prend à la fois appui sur la dimension symbolique du dispositif, c’est-à-dire la justice des mineurs, et sur la relation éducative, fondée sur le langage, qui s’établit entre les protagonistes en présence : le jeune – et sa famille – au bénéfice de qui la mesure est prise, le juge qui l’ordonne et le professionnel qui la met en œuvre. C’est la logique de tels échanges que François Gouraud, formateur en travail social, scrute à la loupe, à partir de l’exemple de Cédric, 17 ans, orphelin de père. Le discours de l’adolescent, celui de sa mère et les propos de l’éducatrice et du magistrat qui les suivent ont été recueillis par le chercheur à trois moments clés : lors des audiences inaugurales et finales de la mesure, ainsi qu’au stade de l’entretien socio-éducatif de mi-parcours. Sous un abord jargonnant assez indigeste – celui d’une thèse en sciences de l’éducation –, l’analyse présentée se révèle des plus pénétrante. Dans une démarche de type compréhensive, l’auteur propose, en effet, une interprétation fine des énoncés des quatre interlocuteurs, rendant visible le rapport paradoxal entre l’aide et la contrainte qui structure une mesure d’AEMO. A cet égard, les situations d’interaction impliquant la mère de Cédric sont particulièrement intéressantes en ce qu’elles permettent d’interroger la posture d’un parent qui se trouve sommé de remplir ses fonctions tout en étant désigné comme défaillant. De son côté, l’éducatrice spécialisée qui doit conjoindre le soutien et l’appel à mieux faire, tant vis-à-vis du mineur que du parent, voit cerner avec beaucoup de subtilité son rôle d’aide contraignante et de contrainte aidante.