CONTRASTES MAROCAINS.
Drôle de documentaire qui propose à la fois de suivre le quotidien de trois mineurs délinquants en séjour de rupture à la « Ferme », au Maroc, la préparation d’un mariage traditionnel à Tanger et les vacances de jeunes Français d’origine maghrébine dans les boîtes de nuit de Saïdia : France Ô a choisi de traiter de façon transversale le « retour au bled » de milliers de Français d’origine marocaine pendant l’été. Ce voyage, synonyme de retour aux sources pour les estivants, a une toute autre signification pour Imad, David et Marc, qui viennent des cités difficiles de Belgique. Ils n’ont pas parcouru 2 000 kilomètres en voiture, le toit chargé de cadeaux. Ils sont arrivés au Maroc en avion, accompagnés de leur éducateur, avec un petit sac et – à leur grand dam – sans leur téléphone portable ! De vrais durs dans leur quartier, ils doivent ici participer aux tâches ménagères, s’adapter à la vie en communauté, faire des randonnées. S’ils ne « réussissent » pas leur séjour, la justice belge peut décider de les mettre en prison. Leurs visages sont floutés, mais on décèle leur manque d’enthousiasme : entre Marc, qui trouve la vie à la ferme « chiante » car « il y a des règles à suivre », et Imad, qui se rebellera au point d’être renvoyé en Belgique, ce n’est pas simple pour les travailleurs sociaux de désamorcer les tensions. L’image suivante, le réalisateur Kamal Redouani filme des touristes qui se distraient sur les plages marocaines et jouissent de pouvoir montrer leur richesse alors que, chez eux, ils sont souvent simples ouvriers : « On arrive de France, faut bien qu’on se montre. Le retour au bled, c’est afficher les signes extérieurs de prospérité », affirme un estivant, heureux ici de ne jamais se faire recaler en boîte de nuit.
Plutôt riche, ce film hybride sur le thème du retour au pays souffre néanmoins d’une image de piètre qualité.