A l’approche de la présidentielle et face à l’écart qui se creuse entre les générations, bon nombre d’organisations veulent faire du thème de la jeunesse une des priorités des candidats. 38 d’entre elles rendent public un texte ambitieux intitulé « Pour un big-bang des politiques jeunesse » (1). Estimant qu’il convient de rompre avec la logique de dispositifs et de mesures qui caractérise les interventions publiques depuis 35 ans, elles proposent la mise en place d’un droit individuel à l’éducation-formation tout au long de la vie. Chaque jeune disposerait à l’entrée dans le système scolaire d’un capital initial de formation de 20 années utilisable dans le cadre de la formation initiale ou ultérieurement pour enrichir ses compétences. Il percevrait à sa majorité une allocation qui, versée indépendamment des ressources familiales, remplacerait les aides versées aux familles au titre des enfants majeurs et les bourses.
La mise en œuvre de ce droit obligerait à rompre avec « les logiques d’orientation subie », défendent les organisations, qui proposent la création d’un service public de l’information, de l’orientation et de l’accompagnement des jeunes, tant au plan professionnel que social, sanitaire, culturel… De même faudrait-il faciliter l’accès des jeunes à un emploi « avec des conditions de travail formatrices et décentes » et soutenir les initiatives et les acteurs qui permettent leur participation à la vie collective. Les auteurs de la plateforme estiment le coût de leur proposition, fortement inspirée des modèles des pays du Nord de l’Europe, entre 8 et 12 milliards d’euros. Un montant, précisent-elles, à resituer par rapport aux dépenses de l’éducation (130 milliards d’euros) et de la politique familiale (100 milliards d’euros).
Les préconisations que formule la fondation Apprentis d’Auteuil, dans un « Plaidoyer pour la jeunesse en difficulté. L’urgence d’agir » (2), visent également l’entrée dans la vie active. Proposition phare : la possibilité pour les 16-25 ans ayant quitté le système scolaire et n’ayant pas acquis les droits suffisants pour percevoir le RSA (revenu de solidarité active) jeunes de bénéficier du statut étudiant. « Ce qui leur permettra l’accès aux droits les plus élémentaires » et mettra fin à des situations, qui peuvent aller jusqu’à l’errance, justifie la fondation. Au-delà, elle propose un statut global pour les mineurs étrangers isolés harmonisé à l’échelle européenne, le développement des dispositifs d’accès à l’alternance pour les jeunes de niveau CAP et un plan d’urgence pour le logement des moins de 25 ans. La fondation veut également lutter contre le décrochage scolaire par une rénovation en profondeur du collège et le développement de l’internat. Enfin, autre de ses priorités, « la réaffirmation du rôle éducatif des parents » : outre la création de crèches dans les quartiers sensibles, elle réclame un soutien financier aux « maisons des familles » qu’elle expérimente « avec succès ». Si la secrétaire d’Etat à la famille a, en effet, annoncé la création d’un label pour ces structures, celui-ci n’apportera pas de budget supplémentaire (3).
(1) A l’initiative entre autres de la FNARS, du Cnajep (Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’education populaire) de l’Uniopss, de l’UNML (Union nationale des missions locales), du CNLAPS (Comité national de liaison des associations de prévention spécialisée), du GNDA (Groupement national des directeurs généraux d’association). Appel à signer sur
(2) Disponible sur