« Zéro nouvelle infection au VIH – zéro discrimination – zéro décès dû au sida. » Tel est l’objectif affirmé par le ministère de la Santé à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre. Dans le cadre de la semaine de la santé sexuelle et du dépistage, les services de la secrétaire d’Etat chargée de la santé, Nora Berra, ont par ailleurs rappelé qu’environ « 50 000 personnes ignorent potentiellement qu’elles sont porteuses du VIH » et que l’objectif des pouvoirs publics est de continuer à sensibiliser au dépistage.
Comme chaque année, les dernières données épidémiologiques de l’infection à VIH/sida ont été rendues publiques (1). Environ 6 300 personnes ont découvert leur séropositivité en 2010, la quasi-totalité d’entre elles ayant été contaminées par voie sexuelle. Ce nombre est stable depuis 2008, alors qu’il avait diminué significativement entre 2004 et 2007. Toutefois, souligne l’Institut national de veille sanitaire (INVS), cette « relative » stabilité cache des disparités selon les modes de contamination. Ainsi, le nombre de découvertes chez les hommes ayant des rapports sexuels entre hommes a augmenté « de façon marquée ». En 2010, les 2 500 hommes homosexuels qui ont appris leur séropositivité représentaient près de 40 % de l’ensemble des découvertes. Par ailleurs, 57 % des découvertes ont concerné des personnes contaminées par rapports hétérosexuels, soit 3600 personnes en 2010, un nombre qui a « tendance à diminuer depuis 2007 ». La majorité (69 %) des découvertes chez les hétérosexuels concernent des personnes nées à l’étranger, essentiellement en Afrique subsaharienne (76 %), et des femmes (60 %). Même si le nombre de découvertes chez les hétérosexuels diminue faiblement sur les années récentes, l’INVS appelle à « rester très prudent ». Il signale en effet des « données préoccupantes » sur les autres infections sexuellement transmissibles, qui sont un indicateur des comportements sexuels à risque. Du côté des usagers de drogues, le nombre de découvertes de séropositivité demeure « toujours très faible » (70 cas, 1 % de l’ensemble des diagnostics en 2010). Pour la première fois en France, une étude a permis d’estimer avec précision la prévalence de l’infection à VIH en milieu carcéral à 2 %, soit environ 1 200 personnes détenues infectées par le VIH au niveau national. Enfin, remarque l’Institut, les découvertes de séropositivité après 50 ans ne sont « pas exceptionnelles » (environ 1 100 personnes en 2010, 18 % des découvertes).
Un an après le lancement du plan « VIH/sida » 2010-2014 (2), « les premières bases sont posées pour avancer sur un des enjeux majeurs de ce plan » : diminuer le retard au dépistage de l’infection à VIH, indique la direction générale de la santé (DGS). A ce titre, les efforts portent sur la mise en œuvre des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) dans le cadre d’activités de dépistage communautaire du VIH pour les populations qui ne veulent ou ne peuvent pas se rendre dans un dispositif de dépistage « classique » (3). A la suite d’un appel à projet lancé en juin dernier par la DGS (4), 32 structures, dont 19 délégations de l’association Aides, ont été habilitées par les agences régionales de santé pour la mise en œuvre de ces tests auprès de populations à forte prévalence (hommes homosexuels, personnes migrantes, personnes se prostituant, usagers de drogues). Le financement alloué à ces structures doit permettre de réaliser 64 500 tests par an. Un nouvel appel à projets va être lancé début 2012 par la DGS afin de compléter la couverture géographique car huit régions n’ont eu aucune structure habilitée en 2011. Autre mesure : la campagne de communication de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé visant à installer la démarche du dépistage auprès de tous les publics est réactivée.
(1) Voir aussi le numéro thématique : « L’infection à VIH/sida en France en 2009-2010 » – BEH n° 43-44 – Disp. sur
(3) Voir également les résultats d’une expérimentation des TROD en centre de dépistage anonyme et gratuit – BEH n° 42 – Disp. sur