Jalonné de pertes et de limitations, le processus de vieillissement contraint à devoir se résigner à un corps qui vous trahit et dans lequel on ne se reconnaît plus vraiment. Pour accompagner ces changements et les ruptures d’identité résultant de certaines maladies neurodégénératives, la psychomotricité peut être un outil d’aide majeur. En effet, « le corps est un médiateur efficace pour améliorer la vie des personnes âgées les plus fragiles », affirme Michel Personne, psychologue et formateur, qui a coordonné cet ouvrage collectif. Mais encore faut-il, bien sûr, travailler « avec » et non « sur » le corps, c’est-à-dire ne pas adopter une position de soins techniques dans laquelle la personne âgée se trouverait réifiée. C’est particulièrement important quand cette dernière souffre de troubles démentiels du type Alzheimer qui conduisent à une progressive perte de soi. L’intéressé a alors éminemment besoin du contact, du regard et de la parole d’autrui pour être aidé « à ne pas perdre totalement, voire à retrouver, sa qualité de sujet », explique Christine Maintier, maître de conférences en psychologie. Les sollicitations physiques sont aussi une voie de redécouverte du plaisir que peut receler une enveloppe corporelle pourtant souffrante. A travers un vécu agréable, la personne âgée est ainsi amenée à prendre conscience de sensations qui « vont se lier pour contribuer à la restauration d’une unité psychocorporelle », soulignent Aurélien Ribadier et Sophie Sainjeaon-Cailliet, psychomotriciens. Multiplier les propositions sensorimotrices susceptibles de « permettre à une personne d’être “unifiée de la tête aux pieds” », tel est l’enjeu, résument Sophie Kaempf, Delphine Romatet et Amélie Truptil, également psychomotriciennes.
Protéger et construire l’identité de la personne âgée. Psychologie et psychomotricité des accompagnements – Sous la direction de Michel Personne – Ed. érès – 20 €