Quels sont les risques psychosociaux spécifiques au secteur social et médico-social ?
La notion de « risques psychosociaux » rassemble des troubles et des pathologies, allant du stress à un sentiment de mal-être ou d’épuisement, qui sont liés aux conditions de travail. Dans les métiers du social et du médico-social, plusieurs facteurs de risques se dégagent : le contact direct avec des personnes en situation difficile, l’implication émotionnelle des professionnels et le rythme de travail qui peut perturber la vie familiale des salariés.
Quels sont les constats mis en avant par les associations ?
Deux problèmes sont récurrents : l’usure professionnelle et la violence des usagers. La première se traduit, par exemple, par des situations où il n’y a plus d’entraide. Une sorte de lassitude gagne les professionnels qui occupent le même poste parfois depuis des années et se replient sur eux-mêmes. Autre exemple : un éducateur spécialisé qui craque après 30 ans d’investissement dans une structure. Quant à la violence des usagers, le phénomène est renforcé car, faute de place en hôpital psychiatrique, un certain nombre de personnes accueillies en établissement présentent aujourd’hui des troubles du comportement. A cela s’ajoutent les nouvelles contraintes liées au contexte législatif et réglementaire : mode de financement des établissements, place de l’usager, évaluation et contrôle des instances de tutelles, établissements encouragés à se réorganiser ou à fusionner… Avec les baisses de moyens, les temps où on parle du travail ont disparu.
Comment prévenir ces risques ?
La démarche que nous avons testée, et qui a été validée par une centaine de personnes réunies en ateliers, s’effectue en plusieurs étapes. Tout d’abord, la mise en place d’une veille basée sur des indicateurs permettant de mesurer les problèmes existants (absentéisme, turnover, éléments sur la santé des salariés rapportés par le médecin du travail…). Ensuite, un comité de pilotage qui réunit a minima la direction et les représentants du personnel, définit les priorités d’action. Des groupes de travail constitués de salariés volontaires sont installés et le projet est présenté à l’ensemble des salariés. De leur implication dépend la réussite de la démarche. Selon les associations, les thèmes peuvent être très variés : un groupe de travail « métier » (aide médico-psychologique par exemple), un autre sur les relations hiérarchiques ou sur l’organisation du temps avec les familles.
Comment travaillent ces groupes ?
Pendant près de six mois, ils sont chargés d’identifier les situations qui posent problème, d’en repérer les causes et les conséquences sur la santé des salariés. Ils proposent des pistes de solution au comité de pilotage qui établit un plan d’action de prévention. Sur une même thématique, le contenu des options retenues est très différent d’une structure à l’autre : sur la violence des usagers, une association a mis en place des séances d’échanges de pratiques entre salariés, une autre s’est focalisée sur le comportement à adopter face aux violences entre usagers, une troisième a souhaité mieux former les débutants et les remplaçants, peu habitués à ces comportements.
Que peut attendre une association d’une telle démarche ?
D’avoir des outils pour traiter en interne la prévention des risques psychosociaux sans passer par un consultant extérieur. Ce qui est la meilleure façon pour elle de se l’approprier !
(1) Mutuelle dédiée à la protection sociale complémentaire des employeurs et des salariés de l’économie sociale et solidaire.
(2) Disponible gratuitement sur