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Les gens de « là-bas »

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La psychologue Estelle Berger relate au jour le jour son implication auprès d’une famille rom de la banlieue lyonnaise, afin d’assurer la scolarisation des enfants.

Novembre 2009. Estelle Berger rentre troublée d’une projection du film de Bruno Elmer Welcome Europa sur l’itinéraire de huit jeunes sans papiers. Le temps d’un festival de documentaires, en quelques images, le réalisateur a fait tomber tous les préjugés et les craintes que la jeune psychologue pouvait avoir à l’égard de cette population. Un squat de Roms se trouve justement en bas de sa rue, dans une ville de l’agglomération lyonnaise. Dès lors, Estelle Berger va se consacrer corps et âme à la scolarisation des enfants de la famille T. De ses premiers pas sur le campement insalubre aux liens forts qui se créent, la jeune femme tient quotidiennement son journal, détaillant tant ses avancées que ses déceptions. Elle parvient, par exemple, à obtenir une CLIN (classe d’initiation) dans l’école du quartier, mais celle-ci peine à rester ouverte en raison des absences trop fréquentes des jeunes Roms. Si les petits semblent motivés pour fréquenter l’école, ils ont souvent une bonne excuse pour ne pas y aller : perte du cartable, manque de vêtements propres ou anniversaire à fêter ! Estelle Berger ne baisse pas les bras, même quand les parents rom avancent : « Pas d’allocations, pas d’école. » Il arrive aussi que le motif de l’absence soit plus grave, telle une obligation de quitter le territoire français (OQTF). La psychologue comprend bien qu’il est difficile pour les Roms de tenir un engagement dans la durée alors qu’ils ne savent même pas où ils vivront le lendemain. Tout au long de son récit, elle exprime à la fois comment elle a réussi à leur offrir son amitié plutôt que de l’argent, et à quel point elle apprécie leur propre générosité et l’ambiance conviviale qui règne sur le terrain. « Je suis bien “là-bas”, mais par moments je lève la tête et je vois la misère. Ces cabanes où des gens vivent. Moi j’y vais de temps en temps car j’aime les gens que j’y rencontre. Mais parfois ça m’interpelle de prendre du plaisir dans une telle misère. Quand je reviens dans ma vie “ordinaire”, cela me paraît parfois bizarre. » Ce témoignage parle d’un sujet peu abordé dans la littérature : la vie quotidienne des Roms ; mais il souffre aussi de ce qu’il est : un journal – avec parfois trop de détails inutiles. Aujourd’hui, Estelle Berger est représentante de l’association Classes (Collectif pour l’aide à la scolarité et au soutien des enfants des squats).

Voyage au bout de ma rue – Estelle Berger – Ed. Société des écrivains – www.societedesecrivains.com – 16 €

Culture

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