Recevoir la newsletter

Immersions brûlantes

Article réservé aux abonnés

Organisé dans le Puy-de-Dôme par l’institut de travail social ITSRA, le festival du film Traces de vies prend son essor. Pour sa 21e édition, il rassemble des documentaires sociaux de qualité issus du monde entier – Burkina Faso, Egypte, Iran, Allemagne…

Ils ont entre 10 et 17 ans et vivent dans les rues de Koudougou, au Burkina Faso, mais ne supportent pas qu’on les appelle des « enfants des rues » : « Ce n’est pas la rue qui m’a mis au monde ! », clame le plus jeune d’entre eux. Ils sont donc des bakoroman (« quelqu’un qui dort dehors et fait ce qui lui plaît »), et la caméra de Simplice Ganu les filme dans leur quotidien, entre ennui et recherche de petits boulots. Dans Bakoroman, chacun confie les raisons qui l’ont amené à vivre de la manche – fâcheries avec les parents, dégoût de l’école – et à abuser de substances nocives – « je sais que la colle ça peut rendre fou parce qu’il y a une tête de mort sur le tube, mais je ne peux pas m’en empêcher ». Le documentaire prend à la gorge, d’autant qu’on entrevoit le potentiel de ces petits sans avenir. Certains se sont mis à voler pour survivre et se sont retrouvés à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou. Cette dernière fait l’objet d’un autre documentaire, MACO, signé Stanislas Zambeaux. Après une visite en bonne et due forme des locaux pouilleux, le réalisateur pose sa caméra face à un jeune lors de son entretien avec l’assistante sociale de l’éta­blissement, laquelle n’hésite pas à lui remonter les bretelles !

Ces deux documentaires font partie du cycle « Un juste regard social » du festival du film Traces de vie. Chaque année depuis vingt et un ans, cet événement, né en 1991 et organisé par l’Institut de travail social de la région Auvergne (ITSRA), propose une semaine d’immersion dans un cinéma abordant les questions de société. La confidentialité initiale s’est transformée en un succès public, avec près de 7 000 spectateurs venus lors de la dernière édition voir ou revoir des œuvres majeures, découvrir l’actualité documentaire dans une sélection de films en compétition, rencontrer les auteurs, échanger perceptions et points de vue. Avec pour thème « Un monde brûlant », la sélection de cette année réunit des reportages tournés sur la place Tahrir aux premiers jours de la rébellion égyptienne ou conçus à partir d’images prises en Iran avec des téléphones portables après les élections contestées de juin 2009.

Sont proposés également des films hors compétition d’une variété et d’une qualité remarquables. Outre les deux reportages tournés au Burkina, Kinder, de Bettina Buttner, nous immerge dans le quotidien de Marvin, 10 ans, placé en foyer de l’enfance en Allemagne. Un peu long et avec un noir et blanc dont on ignore la signification, Kinder apporte néanmoins un regard nouveau sur l’enfance en danger, puisqu’il est filmé à la hauteur du jeune garçon et nous permet de rentrer dans son intimité, entre la vie tumultueuse au sein du groupe et les instants de solitude. Dans L’Estran, Clémence Bucher nous permet de passer un peu de temps avec des sortants de prison venus chercher dans cette association parisienne une aide à la réinsertion. Quant à José Vieira, il témoigne dans Le bateau en carton presque in extenso des mois de vie d’un bidonville de Roms arrivés en Europe pour conjurer la pauvreté. Enfin, Au milieu du gué propose un regard sur une maison d’accueil pour personnes souffrant d’addiction, située dans la Drôme.

Traces de vies – Du 21 au 27 novembre, à Clermont-Ferrand et Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme) – Infos : www.tdv.itsra.net

Culture

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur