« Les jeunes sont soumis plus fréquemment que toute autre classe d’âge à la pauvreté », s’alarme le Secours catholique dans son analyse statistique de la pauvreté en 2010 réalisée sur la base des situations rencontrées dans ses accueils (1). L’association s’attarde cette année sur la population des 18-25 ans, soit 12 % des personnes reçues. A travers six profils différents, elle dresse une typologie des jeunes en difficulté.
Première catégorie : les jeunes en extrême précarité (17 %), souvent des hommes en provenance d’Europe de l’Est et d’Afrique subsaharienne, n’ayant pas de titre de séjour. Les jeunes en recherche d’emploi, étudiant ou en formation (21 %) composent le deuxième groupe. Souvent célibataires, ils n’ont pas de ressources propres et ne bénéficient pas d’un soutien familial suffisant. Les femmes sont majoritaires parmi les jeunes travailleurs (la troisième catégorie, représentant 14 % du total), qui sont soit au chômage, soit en emploi précaire.
Quatrième profil, les jeunes mères bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) représentent 22 % de l’ensemble des jeunes accueillis. Souvent locataires du parc social, elles ont un faible niveau d’études et les aides sociales ne leur permettent pas de sortir de la pauvreté. La précarité des contrats entraînent des ressources irrégulières, et donc une instabilité des conditions de vie malgré un bon niveau de formation. L’association reçoit aussi des jeunes couples avec enfants, qui constituent les deux dernières catégories. Si les familles françaises (17 %) s’en sortent mieux que les familles étrangères (9 %), leur situation reste fragile et un accident de la vie peut les faire basculer dans la pauvreté.
Le rapport analyse l’évolution de la précarité chez les jeunes depuis dix ans. La part des jeunes étrangers a doublé entre 2000 et 2010 et les familles avec enfants sont plus nombreuses. Dans l’ensemble, le niveau de formation a augmenté mais le chômage a aussi progressé, précise le Secours catholique. Si la proportion de personnes sans aucunes ressources diminue de 4 %, les boursiers, les bénéficiaires de l’allocation logement et du RSA (2) sont nettement plus nombreux.
Parmi ses propositions, le Secours catholique propose la création d’une allocation de soutien à l’autonomie des jeunes pour aider les plus en difficulté à quitter le domicile familial, une idée qui avait déjà été formulée dans le « Livre vert » sur la jeunesse en 2009 (3). Il souhaite aussi l’extension du RSA « activité » à tous les jeunes en situation de travail dès 18 ans.
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(2) Avant 2008, les bénéficiaires du RMI de moins de 25 ans étaient essentiellement des jeunes parents, isolés ou en couple.
(3) Rendu public à l’issue des travaux de la commission de concertation sur la politique de la jeunesse présidée par Martin Hisrch – Voir ASH n° 2618 du 10-07-09, p. 5.