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Eldorado démystifié

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Venue à Paris pour rencontrer ses compatriotes du Burkina en exil, Eléonore Yaméogo constate que, réduits à une vie de misère, ceux-ci continuent d’entretenir au pays le mythe d’une réussite facile.

« Chez moi, j’avais à manger et à dormir. C’est en France que j’ai vu la vraie misère », raconte Chaba le Sénégalais, face à la caméra d’Eléonore Yaméogo. Cette jeune réalisatrice burkinabé était venue tourner à Paris un documentaire sur les immigrés installés dans l’« eldorado » hexagonal. Elle qui a grandi avec le mythe que l’on pouvait réussir à tous les coups en France a vite déchanté en rencontrant des compatriotes vivant dans le dénuement le plus total en plein quartier de la Goutte-d’Or. Son documentaire Paris, mon paradis – qui aurait tout aussi bien pu s’intituler Paris, mon enfer – prend alors une nouvelle direction. En donnant la parole à des habitants de ce mini-­Ouagadougou en plein Paris, arrivés d’Afrique il y a un, six ou vingt ans et qui continuent à entretenir le mythe de la réussite, elle cherche à comprendre les mécanismes de ce mensonge général qui engendre illusions et désillusions. Bintoun est aujourd’hui locataire d’un petit logement à Paris, mais pendant trois ans, à cause de promesses qu’on lui avait fait miroiter, elle a dormi à la rue. Souvent, elle se mettait à l’abri dans des cabines téléphoniques d’où elle téléphonait à sa famille pour dire que « tout allait bien ». « Je souffrais déjà assez, je n’avais pas envie qu’ils s’angoissent de me savoir dans cette galère », explique-t-elle. Elle a souvent voulu rentrer, mais « comment avouer un échec » ? La honte, c’est bien le problème de tous ces exilés qui témoignent. Celui de Chaba – qui propose près du Sacré-Cœur des tresses aux touristes – qui pensait « qu’on ramassait l’argent par terre à Paris, qu’on trouvait du travail facilement ». Celui de cette jeune femme qui avoue, les larmes aux yeux, qu’elle a dû coucher avec des hommes contre un toit où dormir. Celui d’Amoro, aussi, qui vit sous les ponts depuis de nombreuses années et n’essaie même plus de s’en sortir.

« Au regard de ma détresse et de celle des autres que j’ai rencontrés, il faut prévenir les autres immigrés et cesser d’entretenir le mythe », conclut Eléonore Yaméogo qui, sans vouloir décourager les aspirants à l’immigration, les prévient à travers ce film et avec son « regard africain », de ce qui les attend.

Paris, mon paradis – Eléonore Yaméogo – 1 h 09 – En ligne du 15 au 30 novembre sur www.tv5mondeplusafrique.com – Projections : le 12 novembre à 13 h 30 au Carré de Baudouin, à Paris (119, rue de Ménilmontant, 20e) ; le 14 novembre à 18 h à l’auditorium Dutilleux d’Amiens ; le dimanche 26 novembre à 18 h au cinéma Agnès-Varda de Beauvais (en présence de la réalisatrice) – En vidéo à la demande à partir de décembre sur www.africafilms.tv

Culture

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