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La pauvreté s’est « quasi stabilisée » malgré la crise, selon le gouvernement

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Le nombre de personnes en dessous du seuil de pauvreté ancré dans le temps a baissé de 5 % entre 2007 et 2009, estime le gouvernement dans son rapport sur le suivi de l’objectif de baisse d’un tiers de la pauvreté en cinq ans, remis au Parlement le 21 octobre (1). « Ce n’est pas rien. En dépit de la crise [financière] majeure, nous avons réussi à ne pas reculer », s’est félicitée la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale dans une interview accordée deux jours plus tôt au journal Libération.

Plus précisément, le rapport note que le taux de pauvreté monétaire ancré dans le temps (2) s’est établi à 11,8 % en 2009, contre 11,6 % en 2008 et 13,1 % en 2007. Ainsi, 7,1 millions de personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté en 2009 (au lieu de 7,5 millions en 2007). Face à une progression du chômage de 1,8 point entre 2008 et 2009 et au recul du produit intérieur brut de 2,6 %, l’évolution de la pauvreté s’est stabilisée, assure le gouvernement, qui se félicite encore une fois de l’efficacité du système de protection sociale français et des réformes intervenues depuis 2007 (plan de mobilisation pour l’emploi de 2008, instauration du revenu de solidarité active, plan d’urgence pour l’emploi des jeunes en 2009…) (3). Un bilan qui ne satisfait toutefois ni le secteur associatif ni l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES), qui contestent toujours l’utilisation de l’indicateur de pauvreté ancré dans le temps comme « indicateur central » au motif qu’il reflète mal la réalité (4). Dans un communiqué du 21 octobre, l’ONPES estime en effet que « les tendances de la pauvreté ne peuvent être appréciées au travers d’un seul indicateur » et que des indicateurs complémentaires sont nécessaires. Par exemple, l’indicateur de pauvreté monétaire relative au seuil de 60 % – servant à la détermination de la contribution française à l’objectif européen de réduction de la pauvreté – est selon lui intéressant dans la mesure où il prend en compte l’évolution des inégalités de revenus. Selon le rapport gouvernemental, si l’on retient cet indicateur, ce sont ainsi 8,2 millions de personnes qui vivaient avec moins de 954 € par mois en 2009, soit 13,5 % de la population (contre 13 % un an auparavant). Le phénomène de paupérisation est aussi flagrant avec le taux de pauvreté monétaire relative au seuil de 50 %, qui fait apparaître que 7,5 % de la population vivaient avec des revenus inférieurs à 795 € par mois en 2009 (contre 7,1 % l’année précédente).

Par ailleurs, le rapport du gouvernement relève que l’intensité de la pauvreté s’est établi à 19 % en 2009 (au lieu de 18,5 % en 2008). Indicateur d’après lequel « la moitié de la population pauvre [avait] un niveau de vie inférieur à 773 € par mois ».

Quant au profil des personnes pauvres, il demeure identique à celui des années précédentes. Les personnes les plus touchées sont les familles monoparentales avec un taux de pauvreté de 30,9 %, les couples avec trois enfants ou plus (21,2 %) et les personnes seules (17,2 %). Le taux de pauvreté des enfants passe, lui, de 17,3 % en 2008 à 17,7 % en 2009 (2,4 millions d’enfants concernés). Malgré tout, indique le gouvernement, « l’emploi protège contre la pauvreté en France, même si le phénomène des travailleurs pauvres reste préoccupant ». En effet, 1,6 million de personnes occupant un emploi (soit 6,7 % des travailleurs) appartenaient à un ménage dont les ressources étaient inférieures au seuil de pauvreté en 2009.

Notes

(1) Rapport disponible sur www.ladocumentationfrancaise.fr.

(2) Celui-ci correspond à la proportion de personnes vivant dans les ménages dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian de la population, fixé en 2006 et réévalué chaque année pour prendre en compte l’inflation.

(3) D’après la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, rapporte le gouvernement, ces réformes ont permis d’atténuer l’augmentation de la pauvreté relative de 0,4 point. « Autrement dit, insiste-t-il, ce serait plus de 260 000 personnes qui seraient tombées dans la pauvreté entre 2007 et 2010. »

(4) Sur la polémique née dans le secteur associatif à la suite de la publication du rapport, voir www.ash.tm.fr.

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