Conformément aux engagements pris par Luc Chatel lors des « états généraux sur la sécurité à l’école » (1), le ministère de l’Education nationale vient de publier une note d’information, tirée de l’enquête « SIVIS » (système d’information et de vigilance sur la sécurité scolaire), sur les actes de violence recensés dans les établissements publics du second degré. Une seconde note l’accompagne qui présente les résultats de la première enquête nationale de victimation au sein des collèges publics, réalisée au printemps 2011 en partenariat avec l’Observatoire nationale de la délinquance (2). Des données qui constituent, selon le ministère, des « instruments indispensables à une meilleure connaissance de la violence mais également du climat dans les établissements scolaires » et permettent « pour la première fois en France d’avoir une appréciation consolidée de l’état de sécurité dans les collèges ». Outre des enseignements plus généraux sur la violence à l’école, ces études lèvent le voile sur les violences perpétrées dans les établissements issus de l’enseignement prioritaire.
Si « 93 % des élèves se sentent bien dans leur établissement », il semblerait que les élèves relevant des collèges des réseaux ambitions réussite (RAR) de l’éducation prioritaire aient « une vision un peu moins positive que les autres du climat dans le collège ». Sans alarmisme toutefois puisque 81 % d’entre eux se sentent « tout à fait ou plutôt en sécurité » dans leur collège (contre 86 % en général) et 79 % dans leur quartier (contre 84 % en général), ce que l’étude explique par le fait que 70 % des collèges des RAR se trouvent en zone urbaine sensible contre seulement 7 % des collèges urbains et aucun collège rural. Toutefois, « 10 % des élèves des RAR déclarent ne pas s’être rendus au collège au moins une fois, car ils avaient peur de la violence » – soit deux fois plus que dans les autres collèges urbains et ruraux – et 15 % des élèves interrogés trouvent les relations avec les enseignants « plutôt agressives ». « De manière générale – note l’étude – il y a plus d’incivilités dans les collèges relevant de l’éducation prioritaire, mais la démarcation se fait surtout pour les faits de violences graves » (coups, cible de lancers d’objets, menace ou blessure par arme). Par exemple, 13 % des élèves issus de l’éducation prioritaire déclarent avoir « été obligés de participer à des jeux dangereux », contre 9 % dans les autres collèges urbains.
Réagissant à ces chiffres, Eric Debarbieux, président de l’Observatoire international de la violence à l’école, a estimé que « la violence à l’école est surtout une affaire pédagogique » (3). Selon lui, « quelle que soit la fascination éprouvée pour les solutions techniques comme la vidéosurveillance et la sécurisation de l’espace scolaire, on ne peut en attendre une baisse significative de la violence en milieu scolaire dans la mesure où l’immense majorité des faits est constituée d’actes commis dans les établissements, par des élèves des établissements ». Toutefois, a-t-il indiqué, les données montrent qu’une attention particulière doit être portée au harcèlement en milieu scolaire. Et dans les établissements de l’éducation prioritaire, où un tiers des collégiens jugent « le système punitif injuste », « l’intelligence des sanctions » doit être recherchée « afin que celles-ci deviennent réparatrices et non pas “jurassiquement” vengeresses ».
(2) Notes d’information n° 11.14 et n° 11.13 – Octobre 2011 – disponible sur
(3) Tirer les leçons de l’enquête nationale de victimisation et climat scolaire en collège – Octobre 2011 – Disp. sur