K.-O. en 12 chapitres

Il faut 12 rounds à Abdelreda Benachour pour mettre le lecteur K.-O., 12 chapitres pour raconter son adolescence, entre neuf frères et sœurs et des parents qui ont débarqué d’Algérie en 1956 et sont venus s’installer à Frais-Marais, en banlieue de Lille. Dans les années 1970, Abdelreda a 13 ans et un nez de travers, lointain souvenir d’une altercation avec un mouton lors de la fête de l’Aïd ! A cause de (ou grâce à) ce « tarin », il s’inscrit à un club de boxe – « Les gens m’appelaient boxeur, je n’ai pas voulu les faire mentir plus longtemps » –, mais surtout parce que « boxer est un besoin. Celui de pouvoir me vider, d’évacuer la haine qui m’anime, la rancœur que j’ai de voir les autres me dévisager et arborer un sourire narquois ». En dehors de cela, Reda est un jeune des quartiers dans toute sa caricature : le collège le « gave », ses amis l’entraînent parfois dans des histoires de racket puis de vols de voitures, et il avoue une haine des juifs, des blancs, des homos… « Notre devise, c’était nous contre le mécréant qui n’était pas musulman. » « On était vraiment cons à cette époque », regrette-t-il. Abdelreda est néanmoins un garçon avec un bon fond et doté d’une volonté à toute épreuve. La veille d’un combat de boxe, son père annonce sa décision de ramener toute la famille dans leur village d’origine. Les rêves de gloire de Reda s’écroulent. Avec l’aide de sa fratrie, il réussit à convaincre ses parents : s’il devient champion de la région, les Benachour resteront à Lille pour qu’il poursuive sa carrière de sportif. Un contrat gagnant-gagnant que Reda fera tout pour remporter.

Le roman, facile d’accès, est l’œuvre d’Abdelkader Railane, dont Abdelreda est le double. Cet ancien champion de boxe est aujourd’hui directeur de la mission locale d’Yssingeaux (Haute-Loire) et représentant départemental de la Commission pour la promotion de l’égalité des chances et de la citoyenneté (COPEC). Au fil des pages de En pleine face, il raconte la vie quotidienne des jeunes de cités, l’intégration difficile, quand on possède une double culture et que l’on est mal accueilli où que l’on aille, mais aussi la construction d’un parcours réussi.